Post by Andrei Tchentchik on Jun 22, 2019 14:45:58 GMT 2
(#208).- Une super-Terre autour de l’étoile de Barnard, plus proches voisines.
Une «super-Terre» autour de l’étoile de Barnard, l’une de nos plus proches voisines.
Par Tristan Vey – Mis à jour le 14/11/2018 à 19:21
Vue d'artiste de la surface de l'exoplanète potentiellement en orbite autour de l'étoile de Barnard. European Southern Observatory/ESO/M. Kornmesser.
Cette planète pèserait au moins trois fois la masse de la Terre. Si son existence se confirme, il s'agirait de la deuxième exoplanète la plus proche de la Terre, après Proxima b.
L'étoile de Barnard n'est située qu'à six années-lumière de nous. La porte d'à-côté à l'échelle de l'univers. C'est notre plus proche voisine dans la galaxie après le trio formé par les étoiles Alpha Centauri A, B et C (cette dernière étant plus familièrement appelée Proxima du Centaure). Cela fait des années que les astronomes cherchaient à mettre au jour les planètes potentielles orbitant autour de cette naine rouge, six fois moins massive que le Soleil.
Dans une nouvelle étude publiée dans Nature ce mercredi, une équipe internationale emmenée par Ignasi Ribas, de l'Institut des sciences de l'espace, en Espagne, apporte la première preuve solide de l'existence d'une planète en orbite autour de notre voisine. Ce qui en ferait la deuxième exoplanète la plus proche de la Terre, après Proxima b (en orbite autour de Proxima du Centaure) à ce jour.
Cette nouvelle venue serait potentiellement rocheuse (même si cela reste aussi à confirmer) et pèserait un minimum de trois fois la masse de la Terre. Ce qui la placerait dans la catégorie des «super-Terres». Elle se situerait deux fois plus près de son étoile que la Terre du Soleil (ce qui correspondrait à la distance qui sépare Mercure de notre étoile) et mettrait un peu plus de 200 jours à boucler une révolution. Comme l'étoile de Barnard est beaucoup moins chaude que le Soleil, cela place toutefois cette planète juste au-delà de la «ligne des glaces», c'est-à-dire dans une zone si froide que la présence d'eau liquide y serait, au mieux, hautement improbable.
La situation de l'étoile de Barnard par rapport au Soleil et ses plus proches voisines. IEEC/Science-Wave - Guillem Ramisa.
Il a fallu aux chercheurs 20 années de données, rassemblées auprès de huit instruments différents, pour parvenir à ces conclusions préliminaires. «C'est un très joli résultat», commente Magali Deleuil, spécialiste des exoplanètes au Laboratoire d'Astrophysique de Marseille. «Dans un monde médiatique où tout va très vite, on peut parfois avoir l'illusion que les choses arrivent presque facilement. Cela nous rappelle au contraire que ces objets restent très difficiles à détecter. La démonstration est encourageante, même si elle nécessite encore d'être confirmée. Nous avons eu des cas de fausses détections par le passé. Les auteurs ont raison de rester prudents.»
Les chercheurs n'évoquent en effet pour le moment qu'une planète «candidate» en dépit du jeu de données considérable amassé. «C'est dire à quel point nous sommes aux frontières des capacités de détection des instruments», souligne Jean-François Donati, astronome à l'IRAP, à Toulouse, et responsable scientifique du tout nouvel instrument SPIRou installé sur le télescope Canada-France-Hawaï, qui pourrait confirmer cette détection un jour. «L'étoile de Barnard fait partie des objets que nous étudions, mais il nous faudra au moins deux années d'observations avant de pouvoir statuer dans un sens ou dans l'autre.»
Vue d'artiste de la planète-candidate en orbite autour de l'étoile de Barnard. IEEC/Science-Wave - Guillem Ramisa.
D'ici là, les données du satellite Gaia pourraient également permettre de trancher, en 2020. Cet observatoire spatial européen fait des mesures astrométriques extrêmement précises et devrait être capable de détecter les petits mouvements latéraux d'une étoile provoquées par le ballet des planètes qui lui tournent autour. Une technique radicalement différente de celle employée aujourd'hui, appelée «méthode des vitesses radiales». Cette dernière consiste à détecter les mouvements d'avant en arrière d'une étoile, provoqués là aussi par l'attraction des planètes qui lui gravitent autour. Les astronomes utilisent pour cela l'effet Doppler: la lumière émise par l'étoile est «étirée» quand elle s'éloigne - elle rougit - puis elle est «comprimée» quand elle se rapproche - elle bleuit.
Une cible de choix pour les futurs télescopes
Quant à la méthode des transits, qui consiste à détecter les micro-éclipses provoquées par le passage de la planète devant son étoile, elle a peu de chance de fonctionner dans ce cas précis. «Il n'est pas du tout évident que la planète orbite dans le bon plan par rapport à nous», rappelle Alexandre Santerne, astronome adjoint au Laboratoire d'astrophysique de Marseille. Le satellite américain Kepler, qui a découvert par cette méthode une grande majorité des 4000 exoplanètes recensées à ce jour, n'observait de toute façon pas cette étoile. Mais son remplaçant, TESS, américain lui aussi couvrira lui tout le ciel. Avec un peu - beaucoup - de chance...
Si les astronomes s'intéressent d'aussi prêt à l'étoile de Barnard, c'est que les étoiles proches de nous ne sont pas légion. Et les planètes non plus du coup. Or le développement de nouvelles générations d'instruments, que ce soit le futur télescope spatial américain JWST ou le gigantesque télescope terrestre ELT européen, en construction au Chili, devraient permettre d'en savoir beaucoup plus sur ces mondes en analysant directement la lumière qu'ils réfléchissent. «Cette nouvelle super-Terre est un milliard de fois moins lumineuse que son étoile, ce devrait donc être difficile, mais cela en fera quoi qu'il arrive une cible intéressante dans les années et les décennies à venir», promet François Bouchy, spécialiste de la détection et de la caractérisation des exoplanètes à l'Université de Genève.
F I N .
Une «super-Terre» autour de l’étoile de Barnard, l’une de nos plus proches voisines.
Par Tristan Vey – Mis à jour le 14/11/2018 à 19:21
Vue d'artiste de la surface de l'exoplanète potentiellement en orbite autour de l'étoile de Barnard. European Southern Observatory/ESO/M. Kornmesser.
Cette planète pèserait au moins trois fois la masse de la Terre. Si son existence se confirme, il s'agirait de la deuxième exoplanète la plus proche de la Terre, après Proxima b.
L'étoile de Barnard n'est située qu'à six années-lumière de nous. La porte d'à-côté à l'échelle de l'univers. C'est notre plus proche voisine dans la galaxie après le trio formé par les étoiles Alpha Centauri A, B et C (cette dernière étant plus familièrement appelée Proxima du Centaure). Cela fait des années que les astronomes cherchaient à mettre au jour les planètes potentielles orbitant autour de cette naine rouge, six fois moins massive que le Soleil.
Dans une nouvelle étude publiée dans Nature ce mercredi, une équipe internationale emmenée par Ignasi Ribas, de l'Institut des sciences de l'espace, en Espagne, apporte la première preuve solide de l'existence d'une planète en orbite autour de notre voisine. Ce qui en ferait la deuxième exoplanète la plus proche de la Terre, après Proxima b (en orbite autour de Proxima du Centaure) à ce jour.
Cette nouvelle venue serait potentiellement rocheuse (même si cela reste aussi à confirmer) et pèserait un minimum de trois fois la masse de la Terre. Ce qui la placerait dans la catégorie des «super-Terres». Elle se situerait deux fois plus près de son étoile que la Terre du Soleil (ce qui correspondrait à la distance qui sépare Mercure de notre étoile) et mettrait un peu plus de 200 jours à boucler une révolution. Comme l'étoile de Barnard est beaucoup moins chaude que le Soleil, cela place toutefois cette planète juste au-delà de la «ligne des glaces», c'est-à-dire dans une zone si froide que la présence d'eau liquide y serait, au mieux, hautement improbable.
La situation de l'étoile de Barnard par rapport au Soleil et ses plus proches voisines. IEEC/Science-Wave - Guillem Ramisa.
Il a fallu aux chercheurs 20 années de données, rassemblées auprès de huit instruments différents, pour parvenir à ces conclusions préliminaires. «C'est un très joli résultat», commente Magali Deleuil, spécialiste des exoplanètes au Laboratoire d'Astrophysique de Marseille. «Dans un monde médiatique où tout va très vite, on peut parfois avoir l'illusion que les choses arrivent presque facilement. Cela nous rappelle au contraire que ces objets restent très difficiles à détecter. La démonstration est encourageante, même si elle nécessite encore d'être confirmée. Nous avons eu des cas de fausses détections par le passé. Les auteurs ont raison de rester prudents.»
Les chercheurs n'évoquent en effet pour le moment qu'une planète «candidate» en dépit du jeu de données considérable amassé. «C'est dire à quel point nous sommes aux frontières des capacités de détection des instruments», souligne Jean-François Donati, astronome à l'IRAP, à Toulouse, et responsable scientifique du tout nouvel instrument SPIRou installé sur le télescope Canada-France-Hawaï, qui pourrait confirmer cette détection un jour. «L'étoile de Barnard fait partie des objets que nous étudions, mais il nous faudra au moins deux années d'observations avant de pouvoir statuer dans un sens ou dans l'autre.»
Vue d'artiste de la planète-candidate en orbite autour de l'étoile de Barnard. IEEC/Science-Wave - Guillem Ramisa.
D'ici là, les données du satellite Gaia pourraient également permettre de trancher, en 2020. Cet observatoire spatial européen fait des mesures astrométriques extrêmement précises et devrait être capable de détecter les petits mouvements latéraux d'une étoile provoquées par le ballet des planètes qui lui tournent autour. Une technique radicalement différente de celle employée aujourd'hui, appelée «méthode des vitesses radiales». Cette dernière consiste à détecter les mouvements d'avant en arrière d'une étoile, provoqués là aussi par l'attraction des planètes qui lui gravitent autour. Les astronomes utilisent pour cela l'effet Doppler: la lumière émise par l'étoile est «étirée» quand elle s'éloigne - elle rougit - puis elle est «comprimée» quand elle se rapproche - elle bleuit.
Une cible de choix pour les futurs télescopes
Quant à la méthode des transits, qui consiste à détecter les micro-éclipses provoquées par le passage de la planète devant son étoile, elle a peu de chance de fonctionner dans ce cas précis. «Il n'est pas du tout évident que la planète orbite dans le bon plan par rapport à nous», rappelle Alexandre Santerne, astronome adjoint au Laboratoire d'astrophysique de Marseille. Le satellite américain Kepler, qui a découvert par cette méthode une grande majorité des 4000 exoplanètes recensées à ce jour, n'observait de toute façon pas cette étoile. Mais son remplaçant, TESS, américain lui aussi couvrira lui tout le ciel. Avec un peu - beaucoup - de chance...
Si les astronomes s'intéressent d'aussi prêt à l'étoile de Barnard, c'est que les étoiles proches de nous ne sont pas légion. Et les planètes non plus du coup. Or le développement de nouvelles générations d'instruments, que ce soit le futur télescope spatial américain JWST ou le gigantesque télescope terrestre ELT européen, en construction au Chili, devraient permettre d'en savoir beaucoup plus sur ces mondes en analysant directement la lumière qu'ils réfléchissent. «Cette nouvelle super-Terre est un milliard de fois moins lumineuse que son étoile, ce devrait donc être difficile, mais cela en fera quoi qu'il arrive une cible intéressante dans les années et les décennies à venir», promet François Bouchy, spécialiste de la détection et de la caractérisation des exoplanètes à l'Université de Genève.
F I N .