Post by Andrei Tchentchik on Jun 26, 2019 18:29:52 GMT 2
(#225).- Le 1er astéroïde venu d’une autre étoile possède une forme ‘’hallucinante’’.
Le 1er astéroïde venu d’une autre étoile possède une forme ‘’hallucinante’’.
Par Tristan Vey – Mis à jour le 21/11/2017 à 09 :02
Pour la première fois, des astronomes ont découvert un astéroïde interstellaire. Les astronomes vont étudier cet astéroïde avant qu’il ne quitte le Système Solaire. Ils ont déjà observé sa luminosité, sa couleur et son mouvement à travers le ciel grâce à un télescope de l’observatoire Européen Asutral. Cet astéroïde ne ressemble à aucun autre, il fait 400 mètres de long, a une forme allongée et des couleurs sombres et rougeâtres. L’astéroïde continue son chemin dans la Galaxie à une vitesse de 95000 km/h.
Détecté en octobre, cet étrange visiteur interstellaire a pu être observé par les plus grands télescopes au monde, révélant une forme très allongée qui a surpris les astronomes.
Le 19 octobre dernier, le télescope Pan-STARRS 1, à Hawaï, détecte un curieux objet dont la trajectoire laisse penser qu'il ne vient pas de notre Système solaire. Après plusieurs jours d'observation, la nouvelle se confirme. Ce petit corps n'est pas une comète venue des confins du système solaire puisqu'il n'orbite tout simplement pas autour du Soleil. Il ne fait que passer. C'est le premier visiteur extrasolaire que nous débusquons dans notre voisinage. La semaine dernière, il a été baptisé «‘Oumuamua» par ses découvreurs, ce qui signifie «éclaireur» ou «messager» en hawaïen. Comme il s'agit du premier astéroïde «interstellaire» identifié, il porte le numéro 1 et la lettre I. Ce qui donne 1I/‘Oumuamua dans la nomenclature officielle de l'Union astronomique internationale inventée pour l'occasion.
European Southern Observatory/ESO/M. Kornmesser
Moins d'un mois après sa découverte, le petit corps fait l'objet de son premier article scientifique dans la revue Nature ce lundi. Un délai de publication extrêmement réduit qui témoigne de l'importance symbolique de la découverte, mais pas uniquement. «Il y a au moins deux choses remarquables à propos de cet objet», souligne Patrick Michel, spécialiste des astéroïdes à l'Observatoire de la Côte d'Azur. «Son absence totale d'activité et sa forme hallucinante.»
L'astéroïde tel qu'il apparaît sur les images du VLT, l'un des plus grands télescopes du monde. European Southern Observatory/ESO/K. Meech et al.
Commençons par sa forme. Il est évidemment impossible de dresser un portrait aussi détaillé que la vue d'artiste ci-dessus. Néanmoins, les variations périodiques et importantes de luminosité de l'objet indiquent qu'il aurait une forme très allongée, comme un cigare, avec un rapport de un sur dix entre sa longueur et sa largeur. S'il mesurait 400 mètres de long, il en ferait par exemple 40 de large.
«Cela pourrait aussi être 800m et 80», précise Lucie Maquet, astronome à l'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMCCE). «Tout dépend de la façon dont il réfléchit précisément la lumière.» Il semble dans tous les cas très sombre, similaire au charbon. Kareen Meech, de l'Institut d'astronomie d'Hawaï, premier auteur de ces travaux, évoque «une apparence compliquée, ondulée».
Un astéroïde dense et métallique
«Il existe des objets allongés dans le Système solaire, mais pas de façon aussi extrême», souligne Patrick Michel. Cette forme est intrigante. Elle suppose que ‘Oumuamua est relativement solide pour ne pas s'être désintégré au moment où il a été chassé de son propre système planétaire. Selon toute vraisemblance, cela se serait produit assez tôt dans son histoire. «Son spectre (l'analyse de la lumière qu'il renvoie, NDLR) est très rouge et semble pointer vers un objet très primitif si on le compare à notre propre Système solaire», poursuit le spécialiste. «Il contiendrait beaucoup de métal et de matière organique.»
La deuxième surprise vient de son «absence d'activité». Les observations du Very Large Telescope de l'Observatoire européen austral (ESO), situé au Chili, comme celles des télescopes Gemini, situés au Chili et à Hawaï, sur lesquelles s'appuient les auteurs de l'étude de Nature, montrent bien que l'astéroïde n'est entouré d'aucune vapeur ou poussière. Son passage à proximité du Soleil, quatre fois plus près que l'orbite de la Terre, aurait pourtant dû vaporiser la glace résiduelle d'un tel objet. «Cela indiquerait que c'est un objet qui s'est formé près de son étoile, ce qui ne facilite pas les scénarios d'éjection hors de son système planétaire», estime Patrick Michel.
La trajectoire du premier astéroïde interstellaire jamais détecté 1I/2017 U1 (‘Oumuamua). European Southern Observatory/ESO/K. Meech et al.
Il ne reste plus beaucoup de temps pour observer ‘Oumuamua avant qu'il ne disparaisse du ciel. «Sa vitesse très élevée, proche de 90.000 km/h, ne facilite pas son suivi», précise Lucie Maquet. Le visiteur s'éloigne ainsi inexorablement de nous. Son origine exacte n'est toujours pas claire. Il semble provenir de la région de l'étoile Vega, mais étant donné sa vitesse, il aurait mis 300.000 ans à parvenir jusqu'à nous. Or l'étoile n'était pas située à cet endroit du ciel à cette période... L'hypothèse la plus probable semble à ce jour que l'astéroïde ait erré pendant des millions d'années dans la Voie lactée avant qu'il ne croise notre route par hasard.
‘Oumuamua pourrait bien être le premier d'une longue série de visiteurs interstellaires. Selon les astronomes, un objet de ce type pourrait traverser notre Système solaire chaque année. Nous n'avions juste pas les moyens de les observer. Les télescopes de sondage systématique comme Pan-STARRS atteindraient tout juste la sensibilité requise pour les détecter. «Maintenant que nous avons découvert le tout premier rocher interstellaire, nous nous préparons à en observer d'autres!», s'enthousiasme Olivier Hainaut, astronome à l'ESO.
F I N .
Le 1er astéroïde venu d’une autre étoile possède une forme ‘’hallucinante’’.
Par Tristan Vey – Mis à jour le 21/11/2017 à 09 :02
Pour la première fois, des astronomes ont découvert un astéroïde interstellaire. Les astronomes vont étudier cet astéroïde avant qu’il ne quitte le Système Solaire. Ils ont déjà observé sa luminosité, sa couleur et son mouvement à travers le ciel grâce à un télescope de l’observatoire Européen Asutral. Cet astéroïde ne ressemble à aucun autre, il fait 400 mètres de long, a une forme allongée et des couleurs sombres et rougeâtres. L’astéroïde continue son chemin dans la Galaxie à une vitesse de 95000 km/h.
Détecté en octobre, cet étrange visiteur interstellaire a pu être observé par les plus grands télescopes au monde, révélant une forme très allongée qui a surpris les astronomes.
Le 19 octobre dernier, le télescope Pan-STARRS 1, à Hawaï, détecte un curieux objet dont la trajectoire laisse penser qu'il ne vient pas de notre Système solaire. Après plusieurs jours d'observation, la nouvelle se confirme. Ce petit corps n'est pas une comète venue des confins du système solaire puisqu'il n'orbite tout simplement pas autour du Soleil. Il ne fait que passer. C'est le premier visiteur extrasolaire que nous débusquons dans notre voisinage. La semaine dernière, il a été baptisé «‘Oumuamua» par ses découvreurs, ce qui signifie «éclaireur» ou «messager» en hawaïen. Comme il s'agit du premier astéroïde «interstellaire» identifié, il porte le numéro 1 et la lettre I. Ce qui donne 1I/‘Oumuamua dans la nomenclature officielle de l'Union astronomique internationale inventée pour l'occasion.
European Southern Observatory/ESO/M. Kornmesser
Moins d'un mois après sa découverte, le petit corps fait l'objet de son premier article scientifique dans la revue Nature ce lundi. Un délai de publication extrêmement réduit qui témoigne de l'importance symbolique de la découverte, mais pas uniquement. «Il y a au moins deux choses remarquables à propos de cet objet», souligne Patrick Michel, spécialiste des astéroïdes à l'Observatoire de la Côte d'Azur. «Son absence totale d'activité et sa forme hallucinante.»
L'astéroïde tel qu'il apparaît sur les images du VLT, l'un des plus grands télescopes du monde. European Southern Observatory/ESO/K. Meech et al.
Commençons par sa forme. Il est évidemment impossible de dresser un portrait aussi détaillé que la vue d'artiste ci-dessus. Néanmoins, les variations périodiques et importantes de luminosité de l'objet indiquent qu'il aurait une forme très allongée, comme un cigare, avec un rapport de un sur dix entre sa longueur et sa largeur. S'il mesurait 400 mètres de long, il en ferait par exemple 40 de large.
«Cela pourrait aussi être 800m et 80», précise Lucie Maquet, astronome à l'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMCCE). «Tout dépend de la façon dont il réfléchit précisément la lumière.» Il semble dans tous les cas très sombre, similaire au charbon. Kareen Meech, de l'Institut d'astronomie d'Hawaï, premier auteur de ces travaux, évoque «une apparence compliquée, ondulée».
Un astéroïde dense et métallique
«Il existe des objets allongés dans le Système solaire, mais pas de façon aussi extrême», souligne Patrick Michel. Cette forme est intrigante. Elle suppose que ‘Oumuamua est relativement solide pour ne pas s'être désintégré au moment où il a été chassé de son propre système planétaire. Selon toute vraisemblance, cela se serait produit assez tôt dans son histoire. «Son spectre (l'analyse de la lumière qu'il renvoie, NDLR) est très rouge et semble pointer vers un objet très primitif si on le compare à notre propre Système solaire», poursuit le spécialiste. «Il contiendrait beaucoup de métal et de matière organique.»
La deuxième surprise vient de son «absence d'activité». Les observations du Very Large Telescope de l'Observatoire européen austral (ESO), situé au Chili, comme celles des télescopes Gemini, situés au Chili et à Hawaï, sur lesquelles s'appuient les auteurs de l'étude de Nature, montrent bien que l'astéroïde n'est entouré d'aucune vapeur ou poussière. Son passage à proximité du Soleil, quatre fois plus près que l'orbite de la Terre, aurait pourtant dû vaporiser la glace résiduelle d'un tel objet. «Cela indiquerait que c'est un objet qui s'est formé près de son étoile, ce qui ne facilite pas les scénarios d'éjection hors de son système planétaire», estime Patrick Michel.
La trajectoire du premier astéroïde interstellaire jamais détecté 1I/2017 U1 (‘Oumuamua). European Southern Observatory/ESO/K. Meech et al.
Il ne reste plus beaucoup de temps pour observer ‘Oumuamua avant qu'il ne disparaisse du ciel. «Sa vitesse très élevée, proche de 90.000 km/h, ne facilite pas son suivi», précise Lucie Maquet. Le visiteur s'éloigne ainsi inexorablement de nous. Son origine exacte n'est toujours pas claire. Il semble provenir de la région de l'étoile Vega, mais étant donné sa vitesse, il aurait mis 300.000 ans à parvenir jusqu'à nous. Or l'étoile n'était pas située à cet endroit du ciel à cette période... L'hypothèse la plus probable semble à ce jour que l'astéroïde ait erré pendant des millions d'années dans la Voie lactée avant qu'il ne croise notre route par hasard.
‘Oumuamua pourrait bien être le premier d'une longue série de visiteurs interstellaires. Selon les astronomes, un objet de ce type pourrait traverser notre Système solaire chaque année. Nous n'avions juste pas les moyens de les observer. Les télescopes de sondage systématique comme Pan-STARRS atteindraient tout juste la sensibilité requise pour les détecter. «Maintenant que nous avons découvert le tout premier rocher interstellaire, nous nous préparons à en observer d'autres!», s'enthousiasme Olivier Hainaut, astronome à l'ESO.
F I N .