Post by Andrei Tchentchik on Mar 6, 2020 17:23:00 GMT 2
(#A.067).- Calotte Antartique, un taux de fonte record a été atteint le 24 déc. 2019.
Calotte Antartique, un taux de fonte record a été atteint le 24 déc. 2019.
Par : Damien Altendorf, rédacteur scientifique
31 décembre 2019, 12 h 22 min
Crédits : EOSDIS Worldview.
L’été 2019-2020 a commencé en fanfare dans l’hémisphère sud. Alors que l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont récemment redéfini de nombreux records de chaleur, l’Antarctique a quant à lui connu un épisode de dégel exceptionnel. Des événements qui portent un symbole fort à l’heure où le changement climatique est devenu une préoccupation sociétale majeure.
Le 24 décembre dernier, alors que le monde célébrait le réveillon de Noël, 15 % de la surface de la calotte polaire australe était en train de fondre. Il s’agit là d’un record tous mois confondus depuis que l’on dispose d’un suivi adapté. Autrement dit, depuis 1979. De manière générale, la fonte saisonnière est anormalement active depuis mi-novembre. En effet, la courbe en rouge sur la figure ci-dessous se situe systématiquement bien au-dessus de la moyenne.
Pourcentage de la calotte antarctique soumise à une fonte de surface. La courbe rouge représente la saison 2019-2020. La courbe noire représente la moyenne 1981-2010 et la plage grisée, le premier écart-type. Enfin, les pointillés bleus indiquent les records hauts et bas avant 2019.
Crédits : climato.be/.
Précisons que les données présentées sont préliminaires et résultent d’une modélisation forcée par les observations disponibles. L’intérêt étant de fournir une première estimation (un first-guess, en anglais). Toutefois, elles montrent indéniablement que quelque chose d’anormal s’est produit autour des fêtes de Noël. Pour donner un ordre d’idée, c’est une surface équivalente à celle du Danemark qui subissait un dégel ce 24 décembre.
Du reste, il apparaît que la saison de fonte a été jusqu’à présent exceptionnelle. Une caractéristique que l’on peut attribuer à l’affaiblissement très brutal du tourbillon stratosphérique polaire au cours du printemps dernier. Un événement qui se produit naturellement chaque année mais qui fut là aussi d’une intensité record.
« Un vortex polaire plus faible permet aux masses d’air doux d’atteindre plus facilement la calotte glaciaire (qui est généralement protégée par son vortex polaire comme c’était le cas l’été précédent). Le fait que l’étendue de la glace de mer soit très faible augmente également la possibilité que les masses d’air doux atteignent la calotte », explique Xavier Fettweis, climatologue à l’Université de Liège en Belgique.
Vers une accélération de la fonte de surface
Si l’origine de l’anomalie discutée a des causes météorologiques évidentes, elle se place dans un contexte fort qui est celui d’un réchauffement global de l’atmosphère et de l’océan. Aussi, les scientifiques s’attendent à ce que ce type d’épisode devienne plus fréquent et plus intense à l’avenir.
Anomalie du nombre de jours de dégel entre le 1 novembre et le 30 décembre 2019.
Crédits : climato.be/.
On rappellera au passage que depuis plusieurs décennies, la calotte antarctique perd de la masse à un rythme accéléré. En particulier en raison de la fragilisation des plates-formes de glace entourant le continent. Processus consécutif au réchauffement de l’océan. Mais la contribution de la fonte en surface prend des proportions grandissantes. Or, en plus d’augmenter directement les pertes, cette dernière a une propension à créer des crevasses dans la glace. Ainsi, le risque de fracturation des plates-formes est amplifié.
« [Les plates-formes de glace sont] un peu comme un bouchon de liège. Elles retiennent beaucoup de glace en Antarctique », a déclaré Robin Bell, géophysicien au Lamont-Doherty Earth Observator de l’Université Columbia. Lorsqu’elles sont fragilisées « cela signifie que vous pompez plus de glace dans l’océan, et c’est ce qui compte pour le niveau de la mer ».
F I N .
Calotte Antartique, un taux de fonte record a été atteint le 24 déc. 2019.
Par : Damien Altendorf, rédacteur scientifique
31 décembre 2019, 12 h 22 min
Crédits : EOSDIS Worldview.
L’été 2019-2020 a commencé en fanfare dans l’hémisphère sud. Alors que l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont récemment redéfini de nombreux records de chaleur, l’Antarctique a quant à lui connu un épisode de dégel exceptionnel. Des événements qui portent un symbole fort à l’heure où le changement climatique est devenu une préoccupation sociétale majeure.
Le 24 décembre dernier, alors que le monde célébrait le réveillon de Noël, 15 % de la surface de la calotte polaire australe était en train de fondre. Il s’agit là d’un record tous mois confondus depuis que l’on dispose d’un suivi adapté. Autrement dit, depuis 1979. De manière générale, la fonte saisonnière est anormalement active depuis mi-novembre. En effet, la courbe en rouge sur la figure ci-dessous se situe systématiquement bien au-dessus de la moyenne.
Pourcentage de la calotte antarctique soumise à une fonte de surface. La courbe rouge représente la saison 2019-2020. La courbe noire représente la moyenne 1981-2010 et la plage grisée, le premier écart-type. Enfin, les pointillés bleus indiquent les records hauts et bas avant 2019.
Crédits : climato.be/.
Précisons que les données présentées sont préliminaires et résultent d’une modélisation forcée par les observations disponibles. L’intérêt étant de fournir une première estimation (un first-guess, en anglais). Toutefois, elles montrent indéniablement que quelque chose d’anormal s’est produit autour des fêtes de Noël. Pour donner un ordre d’idée, c’est une surface équivalente à celle du Danemark qui subissait un dégel ce 24 décembre.
Du reste, il apparaît que la saison de fonte a été jusqu’à présent exceptionnelle. Une caractéristique que l’on peut attribuer à l’affaiblissement très brutal du tourbillon stratosphérique polaire au cours du printemps dernier. Un événement qui se produit naturellement chaque année mais qui fut là aussi d’une intensité record.
« Un vortex polaire plus faible permet aux masses d’air doux d’atteindre plus facilement la calotte glaciaire (qui est généralement protégée par son vortex polaire comme c’était le cas l’été précédent). Le fait que l’étendue de la glace de mer soit très faible augmente également la possibilité que les masses d’air doux atteignent la calotte », explique Xavier Fettweis, climatologue à l’Université de Liège en Belgique.
Vers une accélération de la fonte de surface
Si l’origine de l’anomalie discutée a des causes météorologiques évidentes, elle se place dans un contexte fort qui est celui d’un réchauffement global de l’atmosphère et de l’océan. Aussi, les scientifiques s’attendent à ce que ce type d’épisode devienne plus fréquent et plus intense à l’avenir.
Anomalie du nombre de jours de dégel entre le 1 novembre et le 30 décembre 2019.
Crédits : climato.be/.
On rappellera au passage que depuis plusieurs décennies, la calotte antarctique perd de la masse à un rythme accéléré. En particulier en raison de la fragilisation des plates-formes de glace entourant le continent. Processus consécutif au réchauffement de l’océan. Mais la contribution de la fonte en surface prend des proportions grandissantes. Or, en plus d’augmenter directement les pertes, cette dernière a une propension à créer des crevasses dans la glace. Ainsi, le risque de fracturation des plates-formes est amplifié.
« [Les plates-formes de glace sont] un peu comme un bouchon de liège. Elles retiennent beaucoup de glace en Antarctique », a déclaré Robin Bell, géophysicien au Lamont-Doherty Earth Observator de l’Université Columbia. Lorsqu’elles sont fragilisées « cela signifie que vous pompez plus de glace dans l’océan, et c’est ce qui compte pour le niveau de la mer ».
F I N .