Post by Andrei Tchentchik on Mar 12, 2020 19:24:36 GMT 2
(#A.082).- Le sapin, roi des forêts en voie d’extinction au Canada ?
LE ROI DES FORÊTS EN VOIE D’EXTINCTION ?
1er Janvier 2008.
Archives
Le sapin baumier
Le sapin compte parmi nos conifères les plus prolifiques. Il constitue environ le quart du volume de nos bois exploitables. Ses aiguilles sont fort appréciées de la tordeuse des bourgeons de l'épinette, cet insecte qui ravage d'immenses superficies de forêts résineuses.
Le sapin baumier préfère les sites modérément drainés, mais il s'accommode d'une grande variété de sols.
Il forme des peuplements purs, mais il est souvent accompagné des épinettes, du bouleau à papier et du peuplier faux-tremble. Sa rusticité et sa grande tolérance à l'ombre lui permettent de croître en sous-bois et de dominer rapidement un site, après une perturbation.
Presque blanc, le bois du sapin baumier est léger, tendre et peu résistant.
Abondamment utilisé dans les industries de la pâte et de la construction, il est aussi très recherché comme arbre de Noël.
Le réchauffement de la planète est une menace inquiétante qui pèsera sur le globe au courant du XXIe siècle. Mais à quel point est-ce une menace? Quels seront les principaux éléments affectés? Outre nos lacs, le réchauffement climatique touche l’avenir de nos forêts, ce qui tracasse particulièrement les biologistes, les météorologues et les écologistes qui se sont penchés sur ce problème lors du congrès de l’IUFRO.
Quels sont les enjeux ?
Les principaux enjeux discutés lors de ce congrès concernent l’effet des changements environnementaux sur les populations d’arbres. En effet, les arbres qui se retrouvent dans un environnement auquel ils ne sont pas adaptés courent un danger et leur survie est menacée. Les scientifiques présents lors de cette rencontre internationale ont discuté de la conservation des espèces et de leur diversité génétique. Un grand nombre d’équipes de recherche s’intéressent au criblage génétique à grande échelle, dont le but est d’élaborer des banques de données et d’identifier le rôle de certains gènes dans les réponses adaptatives aux changements climatiques. Sous l’effet du réchauffement mondial, certains arbres sont capables de migrer pour traquer leur environnement naturel. «On a observé qu’au Mexique, certaines espèces d’arbres ont migré au sommet des montagnes pour retrouver un milieu plus frais», explique le Dr Bousquet, chercheur au département de foresterie et géomatique de l’Université Laval et membre du comité organisateur du congrès. «Le problème, c’est qu’en cas d’augmentation de la température moyenne, ces arbres n’ont nulle part où aller», ajoute-t-il.
Comment les arbres marchent-ils ?
Les arbres adultes produisent des graines qui sont colportées par le vent, les insectes, les oiseaux ou encore les mammifères. Ces graines peuvent parcourir des distances plus ou moins grandes et vont se retrouver dans un environnement auquel elles sont génétiquement capables de s’adapter. Bingo! Des arbres pourront pousser en ces lieux. «Le taux de migration de certaines espèces d’arbres est évalué à environ 7 km/an», relate le Dr Sally Aitken, chercheuse au Département des sciences de la forêt à l’Université de Colombie-Britannique à Vancouver et directrice du Centre for Forest Conservation Genetics.
Des arbres en voie d’extinction
Mais un problème de diversité génétique se pose. Certains arbres seront capables de migrer, d’autres moins et d’autres pas. Si elles n’arrivent pas à migrer pour trouver un milieu plus favorable, certaines populations d’arbres risquent l’extinction. Il serait donc crucial de pouvoir conserver les graines des populations d’arbres les plus susceptibles à l’extinction. «Le concept de la conservation génétique réside dans la compréhension de la diversité génétique entre les espèces. Essayer de protéger cette diversité en cas de risque, en prenant des mesures comme l’établissement de parcs écologiques ou la conservation de graines est une étape cruciale», explique le Dr Aitken.
Y a-t-il des solutions ?
La migration assistée est une des solutions envisageables. Il s’agit d’un procédé où des graines sont plantées dans un sol qui se trouve plus au nord par rapport à l’habitat naturel, et ce, en prévision d’une capacité de migration limitée. Cependant, ce procédé est très controversé, car ses effets à long terme ne peuvent pas être anticipés.
«Une redistribution des populations peut mener à des changements dans les associations entre les espèces, étant donné que les arbres fournissent habitat et nourriture à un grand nombre d’animaux et d’insectes», développe le Dr Aitken. Elle met aussi le doigt sur la fragilisation des arbres quant aux insectes et aux maladies en cas d’environnement plus chaud. En Colombie-Britannique, de très vastes aires boisées ont été ravagées au cours des dernières années par un insecte appelé «dendroctone du pin ponderosa». Il s’agit d’un coléoptère qui vit et se nourrit dans l’écorce des pins et qui est porteur d’un champignon létal pour les arbres. Normalement, les températures extrêmement froides de l’hiver entravent considérablement l’effet néfaste de cet insecte, mais comme les hivers ont été particulièrement clément ces dernières années, une dispersion notable du coléoptère a été observée et un très grand nombre d’arbres a été ravagés.
Permettre au Québec de prévoir et d’avancer
«Ce congrès va permettre d’aider à cerner le problème au Québec et de comprendre les défis», conclut le Dr Bousquet. «Les avancées réalisées dans les mesures de précautions prises par d’autres pays poussent à la réflexion et éventuellement à la prise d’initiatives», ajoute-t-il. «Au-delà du partage de données scientifiques, ce congrès a une portée éducative. Les étudiants gradués ont l’occasion de côtoyer et de discuter avec des chercheurs chevronnés, des pionniers dans leur domaine», affirme le Dr Jean Bousquet.
F I N .
LE ROI DES FORÊTS EN VOIE D’EXTINCTION ?
1er Janvier 2008.
Archives
Le sapin baumier
Le sapin compte parmi nos conifères les plus prolifiques. Il constitue environ le quart du volume de nos bois exploitables. Ses aiguilles sont fort appréciées de la tordeuse des bourgeons de l'épinette, cet insecte qui ravage d'immenses superficies de forêts résineuses.
Le sapin baumier préfère les sites modérément drainés, mais il s'accommode d'une grande variété de sols.
Il forme des peuplements purs, mais il est souvent accompagné des épinettes, du bouleau à papier et du peuplier faux-tremble. Sa rusticité et sa grande tolérance à l'ombre lui permettent de croître en sous-bois et de dominer rapidement un site, après une perturbation.
Presque blanc, le bois du sapin baumier est léger, tendre et peu résistant.
Abondamment utilisé dans les industries de la pâte et de la construction, il est aussi très recherché comme arbre de Noël.
Le réchauffement de la planète est une menace inquiétante qui pèsera sur le globe au courant du XXIe siècle. Mais à quel point est-ce une menace? Quels seront les principaux éléments affectés? Outre nos lacs, le réchauffement climatique touche l’avenir de nos forêts, ce qui tracasse particulièrement les biologistes, les météorologues et les écologistes qui se sont penchés sur ce problème lors du congrès de l’IUFRO.
Quels sont les enjeux ?
Les principaux enjeux discutés lors de ce congrès concernent l’effet des changements environnementaux sur les populations d’arbres. En effet, les arbres qui se retrouvent dans un environnement auquel ils ne sont pas adaptés courent un danger et leur survie est menacée. Les scientifiques présents lors de cette rencontre internationale ont discuté de la conservation des espèces et de leur diversité génétique. Un grand nombre d’équipes de recherche s’intéressent au criblage génétique à grande échelle, dont le but est d’élaborer des banques de données et d’identifier le rôle de certains gènes dans les réponses adaptatives aux changements climatiques. Sous l’effet du réchauffement mondial, certains arbres sont capables de migrer pour traquer leur environnement naturel. «On a observé qu’au Mexique, certaines espèces d’arbres ont migré au sommet des montagnes pour retrouver un milieu plus frais», explique le Dr Bousquet, chercheur au département de foresterie et géomatique de l’Université Laval et membre du comité organisateur du congrès. «Le problème, c’est qu’en cas d’augmentation de la température moyenne, ces arbres n’ont nulle part où aller», ajoute-t-il.
Comment les arbres marchent-ils ?
Les arbres adultes produisent des graines qui sont colportées par le vent, les insectes, les oiseaux ou encore les mammifères. Ces graines peuvent parcourir des distances plus ou moins grandes et vont se retrouver dans un environnement auquel elles sont génétiquement capables de s’adapter. Bingo! Des arbres pourront pousser en ces lieux. «Le taux de migration de certaines espèces d’arbres est évalué à environ 7 km/an», relate le Dr Sally Aitken, chercheuse au Département des sciences de la forêt à l’Université de Colombie-Britannique à Vancouver et directrice du Centre for Forest Conservation Genetics.
Des arbres en voie d’extinction
Mais un problème de diversité génétique se pose. Certains arbres seront capables de migrer, d’autres moins et d’autres pas. Si elles n’arrivent pas à migrer pour trouver un milieu plus favorable, certaines populations d’arbres risquent l’extinction. Il serait donc crucial de pouvoir conserver les graines des populations d’arbres les plus susceptibles à l’extinction. «Le concept de la conservation génétique réside dans la compréhension de la diversité génétique entre les espèces. Essayer de protéger cette diversité en cas de risque, en prenant des mesures comme l’établissement de parcs écologiques ou la conservation de graines est une étape cruciale», explique le Dr Aitken.
Y a-t-il des solutions ?
La migration assistée est une des solutions envisageables. Il s’agit d’un procédé où des graines sont plantées dans un sol qui se trouve plus au nord par rapport à l’habitat naturel, et ce, en prévision d’une capacité de migration limitée. Cependant, ce procédé est très controversé, car ses effets à long terme ne peuvent pas être anticipés.
«Une redistribution des populations peut mener à des changements dans les associations entre les espèces, étant donné que les arbres fournissent habitat et nourriture à un grand nombre d’animaux et d’insectes», développe le Dr Aitken. Elle met aussi le doigt sur la fragilisation des arbres quant aux insectes et aux maladies en cas d’environnement plus chaud. En Colombie-Britannique, de très vastes aires boisées ont été ravagées au cours des dernières années par un insecte appelé «dendroctone du pin ponderosa». Il s’agit d’un coléoptère qui vit et se nourrit dans l’écorce des pins et qui est porteur d’un champignon létal pour les arbres. Normalement, les températures extrêmement froides de l’hiver entravent considérablement l’effet néfaste de cet insecte, mais comme les hivers ont été particulièrement clément ces dernières années, une dispersion notable du coléoptère a été observée et un très grand nombre d’arbres a été ravagés.
Permettre au Québec de prévoir et d’avancer
«Ce congrès va permettre d’aider à cerner le problème au Québec et de comprendre les défis», conclut le Dr Bousquet. «Les avancées réalisées dans les mesures de précautions prises par d’autres pays poussent à la réflexion et éventuellement à la prise d’initiatives», ajoute-t-il. «Au-delà du partage de données scientifiques, ce congrès a une portée éducative. Les étudiants gradués ont l’occasion de côtoyer et de discuter avec des chercheurs chevronnés, des pionniers dans leur domaine», affirme le Dr Jean Bousquet.
F I N .