Post by Andrei Tchentchik on Aug 20, 2020 18:35:49 GMT 2
(#486).- Un sursaut radio rapide qui intrigue mais sans civilisation E.T.
Un sursaut radio rapide qui intrigue mais sans civilisation E.T.
Les sursauts radio rapides (Fast Radio Burst, ou FRB, en anglais) intriguent depuis leur découverte. Celui connu sous le nom de FRB 121102 se répète, comme le prouve une fois de plus de nouvelles observations qui alimentent le buzz. Il n'y a cependant toujours pas de bonnes raisons d'expliquer les FRB comme étant des technosignatures extraterrestres.
Article de Laurent Sacco
Paru le 05/09/2017
Archives
Le sursaut radio rapide FRB 121102 intrigue mais ne serait pas le signe d'une civilisation E.T. Ici, une vue d'artiste d'un radiotélescope étudiant un phénomène astrophysique transitoire. © Swinburne University of Technology
Les membres du Berkeley SETI Research Center sont à l'origine d'une annonce qui fait le buzz depuis quelque temps. Peut-être est-ce pour continuer de justifier les 100 millions de dollars attribués sur dix ans au programme Seti par le milliardaire Iouri Milner (il est à l'origine de cette opération, via le projet Breakthrough Initiatives, soutenu par Stephen Hawking). Toujours est-il que, dans la cadre du programme Breakthrough Listen, des chercheurs, dont le radioastronome Vishal Gajjar, ont continué de surveiller la possible activité du sursaut radio rapide FRB 121102.
Découvert, comme son nom l'indique, en novembre 2012, ce sursaut radio intrigue depuis que les chercheurs ont découvert en 2015 qu'il se répétait. Certains ont tenté une interprétation audacieuse de ce FRB : ce serait la manifestation de l'activité d'une civilisation E.T. avancée ayant existé il y a 3 milliards d'années (c'est la distance en années-lumière de la galaxie où il se trouverait). De nombreux articles, notamment sur Futura (voir les articles ci-dessous), ont été consacrés ces dernières années à ce sursaut radio.
VIDÉO : Meet Vishal: Pulsars and Radio Interference
Le radioastronome Vishal Gajjar nous parle de Seti. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Berkeley SETI
4 bonnes raisons de ne pas croire aux E.T. avec les FRB
Le buzz récent est donc parti de l'annonce d'une série de 15 répétions de l'activité de FRB 121102. Celles-ci ont été découvertes dans les émissions enregistrées pendant les cinq heures d'observation qui ont été allouées à Vishal Gajjar le 29 août 2017 avec le télescope de Green Bank. En outre, les fréquences des 15 signaux sont parfois plus élevées que celles mesurées avec tous les autres FRB connus à ce jour. Comme aucune explication naturelle n'a pour l'instant été établie, les spéculations dans les médias quant à l'origine E.T. du phénomène ont été relancées.
On se demande bien pourquoi... Les nouvelles observations sont, certes, intéressantes mais, d'une part, ce n'est pas la première fois que des répétions sont observées avec un FRB et, d'autre part, les nouvelles données font pencher un peu plus la balance en direction d'une explication impliquant un phénomène naturel, probablement en relation avec les magnétars ou les trous noirs.
Dans un article de Forbes, l'astrophysicien Ethan Siegel, visiblement agacé par ce buzz, comme plusieurs de ses collègues, rappelle qu'il existe au moins 4 bonnes raisons de ne pas prendre au sérieux l'hypothèse E.T. :
• Il se produit trop de FRB pour que ce ne soit pas un phénomène astrophysique naturel. Statistiquement, avec ceux observés, on peut en conclure qu'il y a 10.000 FRB chaque jour sur la voûte céleste, ce qui ferait un nombre bien trop élevé de civilisations E.T. avancées. Il serait en effet alors possible de les voir, d'une façon ou d'une autre, dans la Voie lactée. En revanche, ce nombre de FRB est compatible avec une explication impliquant un phénomène astrophysique naturel.
• Les caractéristiques des signaux des FRB sont en fait trop variables et aléatoires pour ne pas être d'origine naturelle.
• Les noyaux actifs des galaxies produisent des signaux avec des caractéristiques similaires, ce qui suggère un lien avec la physique de l'accrétion des trous noirs.
• La puissance des FRB est 1019 fois supérieure à celle d'un signal radio d'origine humaine. Donc, à moins de faire intervenir des E.T. d'une civilisation de Kardachev de type II (dont l'existence est difficile à avaler), on doit préférer une explication impliquant un phénomène astrophysique naturel.
Les sursauts radio rapides viennent-ils de civilisations E.T. ?
Article de Laurent Sacco
Publié le 14/03/2017
Archives
Les mystérieux sursauts radio rapides auraient-ils une origine extraterrestre ? Selon une nouvelle hypothèse, hautement spéculative, la réponse est oui. Il pourrait en effet s'agir de faisceaux d'ondes radio ayant temporairement croisé la Terre et qui étaient destinés à propulser des voiles photoniques géantes emportant des vaisseaux interstellaires, voire intergalactiques.
Avi Loeb est un brillant astrophysicien du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics. Il publie depuis des années des articles dans lesquels il explore des idées étonnantes (un peu comme Freeman Dyson a l'habitude de le faire). Ainsi, selon Loeb, le rayonnement fossile était assez chaud environ 15 millions d'années après le Big Bang pour que des organismes vivants puissent apparaître dans de l'eau liquide sur bien des exoplanètes, même très éloignées de leur étoile hôte. Le chercheur a également montré qu'une atmosphère polluée par des émissions de CFC pourrait être utilisée comme biosignature d'une civilisation E.T. ; il a aussi proposé de faire de l'Optical Seti en cherchant la pollution lumineuse nocturne d'une telle civilisation.
Les sursauts radio rapides viennent-ils de civilisations E.T. ? Avi Loeb a calculé que l’énergie d’une étoile comparable à celle du Soleil et qui serait recueillie par une surface deux fois plus grande que celle de la Terre (type fragment de sphère de Dyson) serait bien de l’ordre de grandeur nécessaire à propulser une voile photonique. Celle-ci laisserait alors fuir, sous forme d’ondes radio, la quantité d’énergie associée aux FRB. © M. Weiss, CfA
Dans un article mis en ligne sur arXiv en 2015, Loeb explorait la possibilité de détecter les émissions d'extraterrestres en train de propulser une voile photonique. Sans surprise, l'année suivante, on apprenait que l'astrophysicien avait été intégré à l'équipe de chercheurs à la tête du projet Breakthrough Starshot ; ce projet consiste justement à envoyer une sonde interstellaire propulsée par une voile photonique en direction du système triple d'Alpha Centauri, par exemple en direction de l'étoile Alpha Centauri C, plus connue sous le nom de Proxima du Centaure (on y a effectivement fait la découverte d'une exoplanète, Proxima b).
VIDÉO YOUTUBE: PASSENGERS - Extended Preview
Le début du film Passengers, avec le vaisseau interstellaire Avalon. © Peter Francis, YouTube
Une voile photonique alimentée par un fragment de sphère de Dyson ?
Avi Loeb vient maintenant de déposer un nouvel article sur arXiv dans lequel il propose de considérer les mystérieux sursauts radio rapides (Fast Radio Burst, ou FRB, en anglais) comme une technosignature de voile photonique E.T. Ce faisant, il relance un débat que l'on pensait clos depuis que la localisation d'au moins un FRB a été précisée (voir l'article ci-dessous paru le 6 janvier 2017 pour en savoir plus). En effet, depuis cette localisation, nous savons que les sursauts radio rapides sont situés en dehors de la Voie lactée. Leur détection sur Terre implique donc qu'ils soient associés à une formidable libération d'énergie, trop formidable pour être associée à des E.T., avait-on pensé alors. Mais pouvait-on vraiment en être sûr alors que l'on n'hésite pas à considérer sérieusement l'existence des sphères de Dyson ?
Avec son collègue Manasvi Lingam, Avi Loeb a calculé que l'énergie d'une étoile comparable à celle du Soleil et qui serait recueillie par une surface deux fois plus grande que celle de la Terre (type fragment de sphère de Dyson) serait bien de l'ordre de grandeur nécessaire à propulser une voile photonique. Cette dernière laisserait alors fuir, sous forme d'ondes radio, la quantité d'énergie associée aux FRB.
Mieux, selon les deux chercheurs, la bande de fréquence des FRB serait précisément celle permettant à la voile photonique impliquée d'entreprendre des voyages interstellaires, voire intergalactiques, emportant avec elle une masse de l'ordre du million de tonnes, c'est-à-dire environ 20 bateaux de croisière. On se prend bien évidemment à rêver au Starship Avalon du film Passengers, bien que celui-ci ne soit pas propulsé par une voile photonique.
F I N .
Un sursaut radio rapide qui intrigue mais sans civilisation E.T.
Les sursauts radio rapides (Fast Radio Burst, ou FRB, en anglais) intriguent depuis leur découverte. Celui connu sous le nom de FRB 121102 se répète, comme le prouve une fois de plus de nouvelles observations qui alimentent le buzz. Il n'y a cependant toujours pas de bonnes raisons d'expliquer les FRB comme étant des technosignatures extraterrestres.
Article de Laurent Sacco
Paru le 05/09/2017
Archives
Le sursaut radio rapide FRB 121102 intrigue mais ne serait pas le signe d'une civilisation E.T. Ici, une vue d'artiste d'un radiotélescope étudiant un phénomène astrophysique transitoire. © Swinburne University of Technology
Les membres du Berkeley SETI Research Center sont à l'origine d'une annonce qui fait le buzz depuis quelque temps. Peut-être est-ce pour continuer de justifier les 100 millions de dollars attribués sur dix ans au programme Seti par le milliardaire Iouri Milner (il est à l'origine de cette opération, via le projet Breakthrough Initiatives, soutenu par Stephen Hawking). Toujours est-il que, dans la cadre du programme Breakthrough Listen, des chercheurs, dont le radioastronome Vishal Gajjar, ont continué de surveiller la possible activité du sursaut radio rapide FRB 121102.
Découvert, comme son nom l'indique, en novembre 2012, ce sursaut radio intrigue depuis que les chercheurs ont découvert en 2015 qu'il se répétait. Certains ont tenté une interprétation audacieuse de ce FRB : ce serait la manifestation de l'activité d'une civilisation E.T. avancée ayant existé il y a 3 milliards d'années (c'est la distance en années-lumière de la galaxie où il se trouverait). De nombreux articles, notamment sur Futura (voir les articles ci-dessous), ont été consacrés ces dernières années à ce sursaut radio.
VIDÉO : Meet Vishal: Pulsars and Radio Interference
Le radioastronome Vishal Gajjar nous parle de Seti. Pour obtenir une traduction en français assez fidèle, cliquez sur le rectangle blanc en bas à droite. Les sous-titres en anglais devraient alors apparaître. Cliquez ensuite sur l'écrou à droite du rectangle, puis sur « Sous-titres » et enfin sur « Traduire automatiquement ». Choisissez « Français ». © Berkeley SETI
4 bonnes raisons de ne pas croire aux E.T. avec les FRB
Le buzz récent est donc parti de l'annonce d'une série de 15 répétions de l'activité de FRB 121102. Celles-ci ont été découvertes dans les émissions enregistrées pendant les cinq heures d'observation qui ont été allouées à Vishal Gajjar le 29 août 2017 avec le télescope de Green Bank. En outre, les fréquences des 15 signaux sont parfois plus élevées que celles mesurées avec tous les autres FRB connus à ce jour. Comme aucune explication naturelle n'a pour l'instant été établie, les spéculations dans les médias quant à l'origine E.T. du phénomène ont été relancées.
On se demande bien pourquoi... Les nouvelles observations sont, certes, intéressantes mais, d'une part, ce n'est pas la première fois que des répétions sont observées avec un FRB et, d'autre part, les nouvelles données font pencher un peu plus la balance en direction d'une explication impliquant un phénomène naturel, probablement en relation avec les magnétars ou les trous noirs.
Dans un article de Forbes, l'astrophysicien Ethan Siegel, visiblement agacé par ce buzz, comme plusieurs de ses collègues, rappelle qu'il existe au moins 4 bonnes raisons de ne pas prendre au sérieux l'hypothèse E.T. :
• Il se produit trop de FRB pour que ce ne soit pas un phénomène astrophysique naturel. Statistiquement, avec ceux observés, on peut en conclure qu'il y a 10.000 FRB chaque jour sur la voûte céleste, ce qui ferait un nombre bien trop élevé de civilisations E.T. avancées. Il serait en effet alors possible de les voir, d'une façon ou d'une autre, dans la Voie lactée. En revanche, ce nombre de FRB est compatible avec une explication impliquant un phénomène astrophysique naturel.
• Les caractéristiques des signaux des FRB sont en fait trop variables et aléatoires pour ne pas être d'origine naturelle.
• Les noyaux actifs des galaxies produisent des signaux avec des caractéristiques similaires, ce qui suggère un lien avec la physique de l'accrétion des trous noirs.
• La puissance des FRB est 1019 fois supérieure à celle d'un signal radio d'origine humaine. Donc, à moins de faire intervenir des E.T. d'une civilisation de Kardachev de type II (dont l'existence est difficile à avaler), on doit préférer une explication impliquant un phénomène astrophysique naturel.
Les sursauts radio rapides viennent-ils de civilisations E.T. ?
Article de Laurent Sacco
Publié le 14/03/2017
Archives
Les mystérieux sursauts radio rapides auraient-ils une origine extraterrestre ? Selon une nouvelle hypothèse, hautement spéculative, la réponse est oui. Il pourrait en effet s'agir de faisceaux d'ondes radio ayant temporairement croisé la Terre et qui étaient destinés à propulser des voiles photoniques géantes emportant des vaisseaux interstellaires, voire intergalactiques.
Avi Loeb est un brillant astrophysicien du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics. Il publie depuis des années des articles dans lesquels il explore des idées étonnantes (un peu comme Freeman Dyson a l'habitude de le faire). Ainsi, selon Loeb, le rayonnement fossile était assez chaud environ 15 millions d'années après le Big Bang pour que des organismes vivants puissent apparaître dans de l'eau liquide sur bien des exoplanètes, même très éloignées de leur étoile hôte. Le chercheur a également montré qu'une atmosphère polluée par des émissions de CFC pourrait être utilisée comme biosignature d'une civilisation E.T. ; il a aussi proposé de faire de l'Optical Seti en cherchant la pollution lumineuse nocturne d'une telle civilisation.
Les sursauts radio rapides viennent-ils de civilisations E.T. ? Avi Loeb a calculé que l’énergie d’une étoile comparable à celle du Soleil et qui serait recueillie par une surface deux fois plus grande que celle de la Terre (type fragment de sphère de Dyson) serait bien de l’ordre de grandeur nécessaire à propulser une voile photonique. Celle-ci laisserait alors fuir, sous forme d’ondes radio, la quantité d’énergie associée aux FRB. © M. Weiss, CfA
Dans un article mis en ligne sur arXiv en 2015, Loeb explorait la possibilité de détecter les émissions d'extraterrestres en train de propulser une voile photonique. Sans surprise, l'année suivante, on apprenait que l'astrophysicien avait été intégré à l'équipe de chercheurs à la tête du projet Breakthrough Starshot ; ce projet consiste justement à envoyer une sonde interstellaire propulsée par une voile photonique en direction du système triple d'Alpha Centauri, par exemple en direction de l'étoile Alpha Centauri C, plus connue sous le nom de Proxima du Centaure (on y a effectivement fait la découverte d'une exoplanète, Proxima b).
VIDÉO YOUTUBE: PASSENGERS - Extended Preview
Le début du film Passengers, avec le vaisseau interstellaire Avalon. © Peter Francis, YouTube
Une voile photonique alimentée par un fragment de sphère de Dyson ?
Avi Loeb vient maintenant de déposer un nouvel article sur arXiv dans lequel il propose de considérer les mystérieux sursauts radio rapides (Fast Radio Burst, ou FRB, en anglais) comme une technosignature de voile photonique E.T. Ce faisant, il relance un débat que l'on pensait clos depuis que la localisation d'au moins un FRB a été précisée (voir l'article ci-dessous paru le 6 janvier 2017 pour en savoir plus). En effet, depuis cette localisation, nous savons que les sursauts radio rapides sont situés en dehors de la Voie lactée. Leur détection sur Terre implique donc qu'ils soient associés à une formidable libération d'énergie, trop formidable pour être associée à des E.T., avait-on pensé alors. Mais pouvait-on vraiment en être sûr alors que l'on n'hésite pas à considérer sérieusement l'existence des sphères de Dyson ?
Avec son collègue Manasvi Lingam, Avi Loeb a calculé que l'énergie d'une étoile comparable à celle du Soleil et qui serait recueillie par une surface deux fois plus grande que celle de la Terre (type fragment de sphère de Dyson) serait bien de l'ordre de grandeur nécessaire à propulser une voile photonique. Cette dernière laisserait alors fuir, sous forme d'ondes radio, la quantité d'énergie associée aux FRB.
Mieux, selon les deux chercheurs, la bande de fréquence des FRB serait précisément celle permettant à la voile photonique impliquée d'entreprendre des voyages interstellaires, voire intergalactiques, emportant avec elle une masse de l'ordre du million de tonnes, c'est-à-dire environ 20 bateaux de croisière. On se prend bien évidemment à rêver au Starship Avalon du film Passengers, bien que celui-ci ne soit pas propulsé par une voile photonique.
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