Post by Andrei Tchentchik on Sept 3, 2020 15:39:50 GMT 2
(#509).- Ce grand télescope français va chercher des signaux ET’s.
Ce grand télescope français va chercher des signaux ET’s.
L'observatoire de Nançay va scruter une cinquantaine d'étoiles et de galaxies à la recherche d'une aiguille dans un océan de foin.
Par Grégory Rozières
STATION DE RADIOASTRONOMIE DE NANÇAY
Ce grand télescope français va chercher des signaux extraterrestres
ESPACE - Quelque part en France, à mi-chemin entre Orléans et Bourges, le Grand radiotélescope de Nançay scrute les étoiles. Et d'ici quelques semaines, à la rentrée, il va commencer à observer une cinquantaine d'astres à la recherche d'un signal artificiel, extraterrestre, venu de l'espace.
C'est l'université de Berkeley, dans le cadre du programme de recherche d'une intelligence extraterrestre Seti, qui a obtenu du temps d'observation disponible sur le radiotélescope français, le 4e plus grand au monde.
"Ce que l'on va chercher, ce sont des technosignatures, des signaux radios qui ne semblent pas naturels", explique au HuffPost Greg Hellbourg, astronome qui chapeaute le projet du côté de l'université américaine.
Le radiotélescope va observer 52 étoiles dans un rayon de 33 années-lumière autour de la Terre, ainsi qu'une dizaine de galaxies proches. Le télescope scrutera chaque étoile 20 minutes. Sur 6 mois, les chercheurs auront récolté 35 heures d'observation.
Etoiles, galaxies et civilisations
En provenance de ces étoiles, les chercheurs aimeraient bien détecter des signaux prouvant l'existence de civilisations extraterrestres technologiquement au moins aussi avancées que la Terre. "Nous avons calculé la puissance minimale que devrait avoir un émetteur sur les étoiles scrutées pour que nous puissions le recevoir", précise Greg Hellbourg. Et le résultat n'est pas très éloigné de nos plus puissants émetteurs actuels.
On pourrait même imaginer déceler des signaux provenant d'espèces ayant conquis leur système stellaire et exploité l'énergie de leur étoile. Voire même des civilisations très avancées, ayant colonisé une galaxie entière.
Cela peut sembler fou, mais des chercheurs ont par le passé catégorisé le niveau technologiques de possibles extraterrestres en fonction de leur consommation énergétique et de leur expansion dans l'espace. On appelle cela l'échelle de Kardachev. Elle dispose de 3 niveaux: la civilisation de type 1 consomme l'équivalent de l'énergie produite par sa planète, une de type 2 toute l'énergie produite par son étoile et une de type 3 par l'ensemble des étoiles de sa galaxie.
Ne vous mettez pas non plus à rêver d'aliens. A vrai dire, Greg Hellbourg lui-même ne croit pas vraiment que le radiotélescope de Nançay trouvera quelque chose.
"La recherche d'un signal inconnu est extrêmement complexe, et malgré les excellentes capacités techniques du radio télescope, nous n'explorerons qu'une partie infime de l'espace de paramètres pouvant être exploré."
- Greg Hellbourg
Et c'est bien pour cela qu'il juge cette expérience importante.
Une quête vieille...
Elle fait en réalité partie d'un plus grand programme, lancé en 2015 par un milliardaire russe et le célèbre physicien Stephen Hawking: Breakthrough Listen. L'idée: débloquer un budget de 100 millions de dollars sur 10 ans pour permettre aux chercheurs du Seti de mener cette expérience.
Pour l'instant, les chercheurs de l'université de Berkeley, en partie financés par ce programme, utilisaient surtout deux télescopes. Si le test de Nançay est une réussite, le Breakthrough Listen pourrait débloquer plus de fonds pour scruter beaucoup, beaucoup plus d'étoiles.
La recherche d'extraterrestres date de bien avant ce projet. Le Seti a été fondé dans les années 60, au début de l'ère spatiale. Il cherche depuis lors, en quelque sorte, à répondre au paradoxe de Fermi: vu la taille et l'âge de l'univers, il est hautement improbable que nous soyons la seule espèce intelligente sur tant de milliards de mondes. Mais alors où sont-ils tous?
Comme vous le savez, le Seti n'a pour l'instant rien trouvé. Et depuis la fin des années 90, les financements se sont raréfiés.
D'ailleurs, le radiotélescope de Nançay a été utilisé dans les années 80 pour chercher des signaux extraterrestres par l'université de Berkeley, pionnier en la matière. En 1991, Jill Tarter (qui a co-fondé le Seti et qui est interprétée par Jodie Foster dans le film "Contact") a publié une étude expliquant que les différentes observations françaises n'avaient rien donné.
Alors pourquoi recommencer? "La technologie a beaucoup évolué, de même que le traitement informatique des données", explique Greg Hellbourg. On peut maintenant observer plus d'étoiles et des ondes radios sur bien plus de fréquences, le tout analysé via des algorithmes très efficaces pour traiter des monceaux de données.
Une goutte d'eau dans l'océan
Pour autant, les chances de trouver un signal sont objectivement extrêmement basses, et ce pour plusieurs raisons. La principale, c'est que nous n'observons qu'une partie infime du ciel. A un moment donné bien défini, pendant lequel une hypothétique civilisation émettrait un signal.
Il y a également d'autres problèmes. Pour ce test à l'observatoire de Nançay, le radiotélescope va scruter sur des fréquences très particulières. "On ne connait aucune source astronomique naturelle qui émette aussi fin", explique Greg Hellbourg. Alors logiquement, si une civilisation voulait signaler sa présence, elle utiliserait surement une fréquence qui ne puisse être parasitée par les objets célestes qui peuplent l'univers.
Mais le choix possible est encore bien trop important. "Nous avons donc choisi des fréquences qui font référence à des molécules liées à la vie, impliquant par exemple le carbone ou l'oxygène", précise le chercheur de Berkeley. Encore une fois, l'idée est de se dire que si une civilisation extraterrestre veut se faire connaître, elle va mettre toutes les chances de son côté.
La paille et la poutre
Les chercheurs font alors preuve d'une forme d'anthropomorphisme assumé. Rien ne nous dit que la vie est nécessairement faite de carbone. Qu'elle a nécessairement besoin d'oxygène. Qu'elle communique avec des ondes radios. Qu'elle a, simplement, envie de communiquer.
Mais cet océan est si gigantesque et le verre à notre disposition si minuscule qu'on est bien obligé de commencer quelque part. D'ailleurs, Greg Hellbourg ne pense pas que la solution viendra des fréquences étudiées actuellement. "Je pense que le signal qu'on finira par trouver sera un signal à bande large, car il y aura de l'information dedans".
Alors, pourquoi n'a-t-on pas encore trouvé d'extraterrestres? Peut-être que les chances que nous soyons seuls dans l'univers observables sont en fait assez élevées, comme deux chercheurs l'ont récemment affirmé. Peut-être y'a-t-il une autre explication, comme celles évoquées dans la vidéo ci-dessus.
Peut-être n'a-t-on tout simplement pas cherché autour d'assez d'étoiles. Et peut-être n'a-t-on pas cherché avec les bons outils, avec le bon regard. "Les pulsars ont toujours été là, nous les avons toujours captés avec nos télescopes. C'est un traitement un peu étrange des données déjà enregistrées qui nous a permis d'en détecter un pour la première fois. Maintenant qu'on connait cette méthode, on a découvert des milliers de pulsars. Je pense que ce sera pareil avec les extraterrestres", espère Greg Hellbourg.
F I N .
Ce grand télescope français va chercher des signaux ET’s.
L'observatoire de Nançay va scruter une cinquantaine d'étoiles et de galaxies à la recherche d'une aiguille dans un océan de foin.
Par Grégory Rozières
STATION DE RADIOASTRONOMIE DE NANÇAY
Ce grand télescope français va chercher des signaux extraterrestres
ESPACE - Quelque part en France, à mi-chemin entre Orléans et Bourges, le Grand radiotélescope de Nançay scrute les étoiles. Et d'ici quelques semaines, à la rentrée, il va commencer à observer une cinquantaine d'astres à la recherche d'un signal artificiel, extraterrestre, venu de l'espace.
C'est l'université de Berkeley, dans le cadre du programme de recherche d'une intelligence extraterrestre Seti, qui a obtenu du temps d'observation disponible sur le radiotélescope français, le 4e plus grand au monde.
"Ce que l'on va chercher, ce sont des technosignatures, des signaux radios qui ne semblent pas naturels", explique au HuffPost Greg Hellbourg, astronome qui chapeaute le projet du côté de l'université américaine.
Le radiotélescope va observer 52 étoiles dans un rayon de 33 années-lumière autour de la Terre, ainsi qu'une dizaine de galaxies proches. Le télescope scrutera chaque étoile 20 minutes. Sur 6 mois, les chercheurs auront récolté 35 heures d'observation.
Etoiles, galaxies et civilisations
En provenance de ces étoiles, les chercheurs aimeraient bien détecter des signaux prouvant l'existence de civilisations extraterrestres technologiquement au moins aussi avancées que la Terre. "Nous avons calculé la puissance minimale que devrait avoir un émetteur sur les étoiles scrutées pour que nous puissions le recevoir", précise Greg Hellbourg. Et le résultat n'est pas très éloigné de nos plus puissants émetteurs actuels.
On pourrait même imaginer déceler des signaux provenant d'espèces ayant conquis leur système stellaire et exploité l'énergie de leur étoile. Voire même des civilisations très avancées, ayant colonisé une galaxie entière.
Cela peut sembler fou, mais des chercheurs ont par le passé catégorisé le niveau technologiques de possibles extraterrestres en fonction de leur consommation énergétique et de leur expansion dans l'espace. On appelle cela l'échelle de Kardachev. Elle dispose de 3 niveaux: la civilisation de type 1 consomme l'équivalent de l'énergie produite par sa planète, une de type 2 toute l'énergie produite par son étoile et une de type 3 par l'ensemble des étoiles de sa galaxie.
Ne vous mettez pas non plus à rêver d'aliens. A vrai dire, Greg Hellbourg lui-même ne croit pas vraiment que le radiotélescope de Nançay trouvera quelque chose.
"La recherche d'un signal inconnu est extrêmement complexe, et malgré les excellentes capacités techniques du radio télescope, nous n'explorerons qu'une partie infime de l'espace de paramètres pouvant être exploré."
- Greg Hellbourg
Et c'est bien pour cela qu'il juge cette expérience importante.
Une quête vieille...
Elle fait en réalité partie d'un plus grand programme, lancé en 2015 par un milliardaire russe et le célèbre physicien Stephen Hawking: Breakthrough Listen. L'idée: débloquer un budget de 100 millions de dollars sur 10 ans pour permettre aux chercheurs du Seti de mener cette expérience.
Pour l'instant, les chercheurs de l'université de Berkeley, en partie financés par ce programme, utilisaient surtout deux télescopes. Si le test de Nançay est une réussite, le Breakthrough Listen pourrait débloquer plus de fonds pour scruter beaucoup, beaucoup plus d'étoiles.
La recherche d'extraterrestres date de bien avant ce projet. Le Seti a été fondé dans les années 60, au début de l'ère spatiale. Il cherche depuis lors, en quelque sorte, à répondre au paradoxe de Fermi: vu la taille et l'âge de l'univers, il est hautement improbable que nous soyons la seule espèce intelligente sur tant de milliards de mondes. Mais alors où sont-ils tous?
Comme vous le savez, le Seti n'a pour l'instant rien trouvé. Et depuis la fin des années 90, les financements se sont raréfiés.
D'ailleurs, le radiotélescope de Nançay a été utilisé dans les années 80 pour chercher des signaux extraterrestres par l'université de Berkeley, pionnier en la matière. En 1991, Jill Tarter (qui a co-fondé le Seti et qui est interprétée par Jodie Foster dans le film "Contact") a publié une étude expliquant que les différentes observations françaises n'avaient rien donné.
Alors pourquoi recommencer? "La technologie a beaucoup évolué, de même que le traitement informatique des données", explique Greg Hellbourg. On peut maintenant observer plus d'étoiles et des ondes radios sur bien plus de fréquences, le tout analysé via des algorithmes très efficaces pour traiter des monceaux de données.
Une goutte d'eau dans l'océan
Pour autant, les chances de trouver un signal sont objectivement extrêmement basses, et ce pour plusieurs raisons. La principale, c'est que nous n'observons qu'une partie infime du ciel. A un moment donné bien défini, pendant lequel une hypothétique civilisation émettrait un signal.
Il y a également d'autres problèmes. Pour ce test à l'observatoire de Nançay, le radiotélescope va scruter sur des fréquences très particulières. "On ne connait aucune source astronomique naturelle qui émette aussi fin", explique Greg Hellbourg. Alors logiquement, si une civilisation voulait signaler sa présence, elle utiliserait surement une fréquence qui ne puisse être parasitée par les objets célestes qui peuplent l'univers.
Mais le choix possible est encore bien trop important. "Nous avons donc choisi des fréquences qui font référence à des molécules liées à la vie, impliquant par exemple le carbone ou l'oxygène", précise le chercheur de Berkeley. Encore une fois, l'idée est de se dire que si une civilisation extraterrestre veut se faire connaître, elle va mettre toutes les chances de son côté.
La paille et la poutre
Les chercheurs font alors preuve d'une forme d'anthropomorphisme assumé. Rien ne nous dit que la vie est nécessairement faite de carbone. Qu'elle a nécessairement besoin d'oxygène. Qu'elle communique avec des ondes radios. Qu'elle a, simplement, envie de communiquer.
Mais cet océan est si gigantesque et le verre à notre disposition si minuscule qu'on est bien obligé de commencer quelque part. D'ailleurs, Greg Hellbourg ne pense pas que la solution viendra des fréquences étudiées actuellement. "Je pense que le signal qu'on finira par trouver sera un signal à bande large, car il y aura de l'information dedans".
Alors, pourquoi n'a-t-on pas encore trouvé d'extraterrestres? Peut-être que les chances que nous soyons seuls dans l'univers observables sont en fait assez élevées, comme deux chercheurs l'ont récemment affirmé. Peut-être y'a-t-il une autre explication, comme celles évoquées dans la vidéo ci-dessus.
Peut-être n'a-t-on tout simplement pas cherché autour d'assez d'étoiles. Et peut-être n'a-t-on pas cherché avec les bons outils, avec le bon regard. "Les pulsars ont toujours été là, nous les avons toujours captés avec nos télescopes. C'est un traitement un peu étrange des données déjà enregistrées qui nous a permis d'en détecter un pour la première fois. Maintenant qu'on connait cette méthode, on a découvert des milliers de pulsars. Je pense que ce sera pareil avec les extraterrestres", espère Greg Hellbourg.
F I N .