Post by Andrei Tchentchik on Apr 5, 2019 12:51:04 GMT 2
(#165).- Seti : recherche d’une vie extraterrestre.
Seti : Recherche d’une vie extraterrestre.
Elisabeth Piotelat
Ingénieur d’études CNRS
Publié le 07/11/2010 - Modifié le 08/09/2016
Une vie extraterrestre existe-t-elle dans l'univers ? Cette question a toujours hanté l'esprit de l'Homme. Le programme Seti, dédié à la recherche d'une intelligence extraterrestre, tente de trouver des réponses depuis plus de 50 ans.
Depuis longtemps, les philosophes se sont interrogés sur notre place dans l'univers. Sommes-nous seuls ?
La voie lactée. © Ranfei - CC BY-SA 4.0
Loin de toute lumière, si on lève les yeux par une belle nuit sans nuages, on voit des milliers d'étoiles. Existe-t-il aussi des planètes autour ? Des satellites comme Corot nous apportent régulièrement d'étonnantes informations. Mais après ? Peut-il y avoir de la végétation, des bactéries, des animaux, des êtres intelligents autour de tous ces points lumineux ?
Le programme Seti écoute le ciel à la recherche d'intelligence extraterrestre. © Élisabeth Piotelat
Ce n'est que depuis un peu plus de 50 ans que notre technologie nous permet de chercher une réponse. Ces projets d'écoute du ciel sont regroupés sous l'acronyme Seti pour Search for Extra-Terrestrial Intelligence, ou en français : recherche d'intelligence extraterrestre. Depuis les premières écoutes, en 1960, il y a toujours eu, quelque part dans le monde, un projet actif.
Si la réception d'un signal intelligent d'origine extraterrestre appartient encore à la science-fiction, notre technologie a connu une incroyable évolution en un demi-siècle, ou plutôt depuis un dixième de seconde, si l'on utilise le calendrier cosmique. Un bref voyage dans le passé nous permet de garder espoir : la quête ne fait que commencer.
Dans ce dossier, découvrez les débuts du programme Seti en 1960, les avancées réalisées dans la recherche d'une intelligence extraterrestre et les conclusions qui en ont été données.
Le 8 avril 1960, le radiotélescope de Green Bank commence une observation d'un nouveau type. En direction des étoiles Tau Ceti et Epsilon Eridani, il cherche des signaux artificiels d'origine cosmique. Ce projet baptisé Ozma, à l'origine de Seti, représentera près de 200 heures d'écoute, sur un seul canal à la fréquence de 1.420 MHz...
Les écoutes de Seti. © Sdecoretn Shutterstock
Projet Ozma
L'idée venait d'un jeune chercheur, Franck Drake. Son doctorat en poche, il souhaitait réaliser un de ses rêves d'enfant, en répondant à la question : « Sommes-nous seuls dans l'univers ? »
Le directeur de l'observatoire, Otto Sturve, le soutenait mais lui avait demandé de ne pas faire de publicité autour de la création de son projet Ozma, à l'origine de Seti, afin d'éviter les interférences avec la presse. Il s'en est mordu les doigts, lorsqu'au mois de septembre 1959, la revue Nature a publié l'article de Cocconi et Morrison, qui préconisaient d'écouter le ciel à la fréquence de l'hydrogène, c'est-à-dire 1.420 MHz.
Pourquoi 1.420 MHz ?
L'hydrogène est l'élément le plus fréquent dans l'univers. On peut donc imaginer qu'une éventuelle civilisation aura découvert son rayonnement à 1.420 MHz et aura construit les instruments pour le détecter. Cependant, sur Terre, cette fréquence est réservée à la radioastronomie et on ne peut donc pas l'utiliser pour envoyer des signaux radio. Certains conseillent donc d'écouter juste à côté, voire dans le trou d'eau cosmique.
Qu'est-ce que le trou d'eau cosmique ?Le schéma ci-dessous représente les ondes radio vues de la Terre. Entre le bruit galactique dans les basses fréquences et l'absorption due à l'atmosphère dans les hautes fréquences, il ne reste qu'une petite fenêtre comprise entre 1 et 10 GHz.
Le trou d'eau. © Seti League
Puisque la bande de fréquences comprises entre celle de l'hydrogène (H) et celle du radical OH est visible de partout dans le cosmos, elle a été surnommée « cosmic waterhole » par Barney Oliver, un des pionniers de la recherche Seti.
Barney Oliver a déclaré : « Où devons-nous rencontrer nos voisins ? Au trou d'eau, où toutes les espèces se rencontrent ! »
50 ans à l’échelle cosmique
Il est parfois difficile d'évaluer les durées à l'échelle cosmique. Pour nous, 50 ans peuvent paraître vieux mais à l'échelle astronomique ce n'est rien.
Calendrier cosmique. © PublicDomainPictures – CCO
Quelques dates du calendrier cosmique. © DR
Il est difficile de se rendre compte des échelles de temps cosmique. Le Big Bang a, par exemple, eu lieu il y a 13,8 milliards d'années. Mais que représentent 1 milliard d'années ?
Le calendrier cosmique
Si nous étions le 31 décembre à minuit et que le Big Bang ait eu lieu il y a tout juste un an, à 0 h le 1er janvier, le Soleil serait né le 14 septembre, l'Homo sapiens serait apparu le 31 décembre à 22 h 30 et le projet Ozma aurait débuté il y a un peu plus d'un dixième de seconde. Cela ne fait pas longtemps que nous scrutons le ciel à la recherche de vie intelligente.
À l'échelle de ce calendrier cosmique, le téléphone a peut-être sonné il y 10 minutes, 10 jours ou 2 mois. Nous n'étions pas en mesure d'y répondre.
SETI : Évolution des techniques d’écoute
Notre technologie a énormément évolué en plus de 50 ans. L'ordinateur individuel que l'on trouve dans les chaumières est plus puissant que celui utilisé par Drake. Nos communications radio se sont complexifiées et multipliées.
Sommes nous seuls dans l'univers ? © Geralt – CCO
Schéma simplifié d'une station Seti. © Seti League
Pourtant, un ingénieur du début du siècle dernier transporté dans notre monde avec son récepteur ne capterait aucune onde radio, parce qu'il ne connaît pas la modulation de fréquence (FM).
En plus de 50 ans, il y a presque toujours eu, quelque part dans le monde, une écoute de type Seti. On recense à cet effet près de 90 projets.
Du matériel à la portée de tous
Du radiotélescope d'Arecibo à la petite antenne, le principe de réception est le même. La puissance va dépendre de la taille de l'antenne, du fait qu'elle puisse ou non viser différentes parties du ciel, mais surtout du récepteur.
En 1993, deux radioamateurs ont fondé une association à but non lucratif, la Seti League. Très vite, une centaine de station ont vu le jour à travers le monde dans le cadre du projet Argus. Beaucoup sont aux États-Unis, où l'on trouvait de grandes antennes de réception satellite.
Cinq millions de participants pour SETI@HOME
En 1960, les auteurs de science-fiction imaginaient plus facilement des énormes ordinateurs que de multiples ordinateurs individuels reliés entre eux.
En 1999, les internautes ont été mis à contribution dans le cadre du projet SETI@HOME. L'initiative, qui devait durer 2 ans, est toujours active. Plus de cinq millions de participants répartis dans 226 pays différents génèrent près de 200 Teraflops/s.
BOINC aide à l’élargissement des recherches Seti
Le logiciel a connu d'importantes évolutions. Aujourd'hui, BOINC, qui est une retombée importante de la recherche d'intelligence extraterrestre, permet aux internautes de contribuer à de multiples projets, par exemple la lutte contre le paludisme.
Même si on n'a trouvé aucun signal extraterrestre en plus de 50 ans, Seti aura ainsi sans doute permis des avancées dans d'autres disciplines.
L'écran de BOINC calculant des données pour SETI@HOME. © DR
Nombre de canaux : de 1 à 2G
Si les amateurs peuvent donc contribuer à l'analyse des signaux, c'est grâce à la loi de Moore. Cet ingénieur avait prédit, en 1975, que le nombre de transistors des circuits imprimés doublerait tous les 2 ans.
Une caractéristique importante des projets Seti est le nombre de canaux qu'ils utilisent. Si l'on compare à un poste radio, Drake écoutait une seule station à la fois en 1960 alors qu'en 2009, Serendip V permettait d'en écouter deux fois 1012 (ou 2G).
La loi de Moore s'applique donc plus ou moins à l'évolution du nombre de canaux utilisés par les astronomes dans le cadre des projets Seti.
Multiplication des antennes
Inauguré en 1963, le radiotélescope d'Arecibo a une antenne de 305 m de diamètre. Le radiotélescope décimétrique de Nançay a été inauguré en 1965 par Charles de Gaulle. Le réflecteur plan se compose de 10 panneaux indépendants de 20 m de large et 40 de haut. Si la taille des antennes fut un enjeu important au début de la radioastronomie, ce n'est plus le cas aujourd'hui.
En 1971, une école d'été est organisée par la Nasa sur le thème de la recherche de vie extraterrestre. Elle est baptisée projet Cyclops. Son objectif est de déterminer ce qui sera nécessaire en termes de matériel, personnel, temps et de budget pour tenter de détecter de la vie extraterrestre intelligente en dehors du Système solaire.
Le rapport du projet Cyclops. © DR
En 1972, Project Cyclops, a Design Study of a system for detecting Extreterrestrial Intelligent Life, un volumineux rapport technique décrivant un interféromètre est publié par la Nasa. Dix mille copies sont distribuées rapidement. Les vues d'artistes montrent un grand nombre d'antennes, qui ont effrayé les politiciens. Cependant, les conclusions stipulaient que l'on pouvait commencer avec un petit réseau et l'étendre au fur et à mesure.
En 1997, le Seti Institute a lancé une série d'ateliers pour définir les objectifs des 20 années à venir. Le rapport final, intitulé Seti 2020, recommande la construction d'un télescope d'un hectare (1HT : One Hectar Telescop).
Seti 2020, le rapport du Seti Institute. © DR
En 2001, le projet a reçu un financement de la part de Paul Allen, l'un des fondateurs de Microsoft. Le 1HT s'est appelé Ata pour Allen Telescope Array. L'objectif est d'avoir 350 antennes de 6,1 m de diamètre chacune.
Actuellement, seules 42 antennes sont opérationnelles. Pour la première fois, un radiotélescope est entièrement consacré à Seti 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Nouvelles stratégies
On voit que les progrès techniques sont immenses pour ce qui concerne la réception d'ondes radio. Cependant, la recherche d'intelligence extraterrestre a exploré de nouvelles pistes depuis ses débuts. De nombreux acronymes sont apparus, comme Oseti pour Optical Seti, qui regroupe toutes les recherches en optique.
Nous avons fêté, en 2010, les 50 ans de la découverte du laser. En 1961, le prix Nobel Charles Towned suggéra la recherche de signaux laser d'origine extraterrestre dans un article coécrit avec le docteur Shalow.
L'un des pionniers est Stuart Kingsley, membre de la Seti League, qui a mis en place un observatoire à Colombus, aux États-Unis, avant de déménager en Angleterre à Bornemouth.
La Planetary Society a financé le télescope Seti optique de l'observatoire d'Oak Ridge à Harvard. Celui-ci a été inauguré le 11 avril 2006. En janvier 2007, le télescope avait couvert la totalité du ciel visible en ayant bénéficié de 200 nuits claires.
Télescope Ata : Vous n’avez toujours rien reçu ?
En quête d'une vie ailleurs que sur Terre, le télescope Ata est à l'affût de la moindre activité sonore dans l'espace. Spécialement dédié au programme Seti, il n'a toujours pas reçu de signal. Mais il ne s'agit, peut-être, que d'une question de temps...
L'univers mystérieux. © WikiImages – CCO
Le signal Wow ! reçu en 1977. © The Ohio State University Radio Observatory and the North American AstroPhysical Observatory (Naapo), DP
Le télescope Ata au service de Seti
Même si 50 ans représentent la moitié d'une vie humaine, à l'échelle cosmique, ce n'est pas grand-chose. Même s'il y a presque toujours eu un radiotélescope à l'écoute quelque part dans le monde, depuis le projet Ozma, il n'y a pas longtemps que nous avons un télescope entièrement dédié à Seti, l'Allen Telescope Array (Ata).
La recherche Seti adopte une démarche scientifique et met en œuvre des protocoles qui imposent des vérifications. On ne peut pas crier « Nous ne sommes pas seuls dans l'univers ! » sans apporter des preuves extraordinaires. Par exemple, certains projets ont sélectionné des signaux candidats, sur certains critères. Ce ne sont pas des preuves de l'existence de vie extraterrestre intelligente tant qu'ils ne se seront pas répétés, tant que l'on n'aura pas vérifié qu'aucune autre explication n'est possible.
Le radiotélescope Big Ear perçoit un son
Le 15 août 1977, un signal a été reçu par un radiotélescope nommé Big Ear dans l'Ohio. L'opérateur de service a écrit « Wow ! » juste à côté de la sortie papier. De nombreuses hypothèses sur son origine ont été émises mais aucune n'est confirmée. La seule certitude est que si nous ne cherchons pas, nous ne trouverons rien. Il faut donc persévérer. Peut-être que d'ici 2060...
Pour en savoir un peu plus sur le programme Seti, parcourez les sources ci-dessous.
D'autres formes de vie existent-elles ? © Geralt – CCO
Les sites consacrés à Seti :
la Seti League : www.setileague.org ;
version française : www.setileague.free.fr ;
le téléchargement de BOINC : « SETI@HOME » www.boinc.berkeley.edu ;
l'Alliance francophone : www.boinc-af.org.
Les informations en ligne uniquement en anglais :
Seti Institute : www.seti.org ;
Big Ear (signal Wow !) : www.bigear.org/default.htm.
Les articles publiés :
SETI@SF dans Les Aliens de la science-fiction : www.moutons-electriques.fr/livre.php?p=intro&n=67 ;
Une chronologie de Seti dans L'Astronomie, volume 121 : www2.saf-lastronomie.com/lastro/last0706.htm.
F I N .
Seti : Recherche d’une vie extraterrestre.
Elisabeth Piotelat
Ingénieur d’études CNRS
Publié le 07/11/2010 - Modifié le 08/09/2016
Une vie extraterrestre existe-t-elle dans l'univers ? Cette question a toujours hanté l'esprit de l'Homme. Le programme Seti, dédié à la recherche d'une intelligence extraterrestre, tente de trouver des réponses depuis plus de 50 ans.
Depuis longtemps, les philosophes se sont interrogés sur notre place dans l'univers. Sommes-nous seuls ?
La voie lactée. © Ranfei - CC BY-SA 4.0
Loin de toute lumière, si on lève les yeux par une belle nuit sans nuages, on voit des milliers d'étoiles. Existe-t-il aussi des planètes autour ? Des satellites comme Corot nous apportent régulièrement d'étonnantes informations. Mais après ? Peut-il y avoir de la végétation, des bactéries, des animaux, des êtres intelligents autour de tous ces points lumineux ?
Le programme Seti écoute le ciel à la recherche d'intelligence extraterrestre. © Élisabeth Piotelat
Ce n'est que depuis un peu plus de 50 ans que notre technologie nous permet de chercher une réponse. Ces projets d'écoute du ciel sont regroupés sous l'acronyme Seti pour Search for Extra-Terrestrial Intelligence, ou en français : recherche d'intelligence extraterrestre. Depuis les premières écoutes, en 1960, il y a toujours eu, quelque part dans le monde, un projet actif.
Si la réception d'un signal intelligent d'origine extraterrestre appartient encore à la science-fiction, notre technologie a connu une incroyable évolution en un demi-siècle, ou plutôt depuis un dixième de seconde, si l'on utilise le calendrier cosmique. Un bref voyage dans le passé nous permet de garder espoir : la quête ne fait que commencer.
Dans ce dossier, découvrez les débuts du programme Seti en 1960, les avancées réalisées dans la recherche d'une intelligence extraterrestre et les conclusions qui en ont été données.
Le 8 avril 1960, le radiotélescope de Green Bank commence une observation d'un nouveau type. En direction des étoiles Tau Ceti et Epsilon Eridani, il cherche des signaux artificiels d'origine cosmique. Ce projet baptisé Ozma, à l'origine de Seti, représentera près de 200 heures d'écoute, sur un seul canal à la fréquence de 1.420 MHz...
Les écoutes de Seti. © Sdecoretn Shutterstock
Projet Ozma
L'idée venait d'un jeune chercheur, Franck Drake. Son doctorat en poche, il souhaitait réaliser un de ses rêves d'enfant, en répondant à la question : « Sommes-nous seuls dans l'univers ? »
Le directeur de l'observatoire, Otto Sturve, le soutenait mais lui avait demandé de ne pas faire de publicité autour de la création de son projet Ozma, à l'origine de Seti, afin d'éviter les interférences avec la presse. Il s'en est mordu les doigts, lorsqu'au mois de septembre 1959, la revue Nature a publié l'article de Cocconi et Morrison, qui préconisaient d'écouter le ciel à la fréquence de l'hydrogène, c'est-à-dire 1.420 MHz.
Pourquoi 1.420 MHz ?
L'hydrogène est l'élément le plus fréquent dans l'univers. On peut donc imaginer qu'une éventuelle civilisation aura découvert son rayonnement à 1.420 MHz et aura construit les instruments pour le détecter. Cependant, sur Terre, cette fréquence est réservée à la radioastronomie et on ne peut donc pas l'utiliser pour envoyer des signaux radio. Certains conseillent donc d'écouter juste à côté, voire dans le trou d'eau cosmique.
Qu'est-ce que le trou d'eau cosmique ?Le schéma ci-dessous représente les ondes radio vues de la Terre. Entre le bruit galactique dans les basses fréquences et l'absorption due à l'atmosphère dans les hautes fréquences, il ne reste qu'une petite fenêtre comprise entre 1 et 10 GHz.
Le trou d'eau. © Seti League
Puisque la bande de fréquences comprises entre celle de l'hydrogène (H) et celle du radical OH est visible de partout dans le cosmos, elle a été surnommée « cosmic waterhole » par Barney Oliver, un des pionniers de la recherche Seti.
Barney Oliver a déclaré : « Où devons-nous rencontrer nos voisins ? Au trou d'eau, où toutes les espèces se rencontrent ! »
50 ans à l’échelle cosmique
Il est parfois difficile d'évaluer les durées à l'échelle cosmique. Pour nous, 50 ans peuvent paraître vieux mais à l'échelle astronomique ce n'est rien.
Calendrier cosmique. © PublicDomainPictures – CCO
Quelques dates du calendrier cosmique. © DR
Il est difficile de se rendre compte des échelles de temps cosmique. Le Big Bang a, par exemple, eu lieu il y a 13,8 milliards d'années. Mais que représentent 1 milliard d'années ?
Le calendrier cosmique
Si nous étions le 31 décembre à minuit et que le Big Bang ait eu lieu il y a tout juste un an, à 0 h le 1er janvier, le Soleil serait né le 14 septembre, l'Homo sapiens serait apparu le 31 décembre à 22 h 30 et le projet Ozma aurait débuté il y a un peu plus d'un dixième de seconde. Cela ne fait pas longtemps que nous scrutons le ciel à la recherche de vie intelligente.
À l'échelle de ce calendrier cosmique, le téléphone a peut-être sonné il y 10 minutes, 10 jours ou 2 mois. Nous n'étions pas en mesure d'y répondre.
SETI : Évolution des techniques d’écoute
Notre technologie a énormément évolué en plus de 50 ans. L'ordinateur individuel que l'on trouve dans les chaumières est plus puissant que celui utilisé par Drake. Nos communications radio se sont complexifiées et multipliées.
Sommes nous seuls dans l'univers ? © Geralt – CCO
Schéma simplifié d'une station Seti. © Seti League
Pourtant, un ingénieur du début du siècle dernier transporté dans notre monde avec son récepteur ne capterait aucune onde radio, parce qu'il ne connaît pas la modulation de fréquence (FM).
En plus de 50 ans, il y a presque toujours eu, quelque part dans le monde, une écoute de type Seti. On recense à cet effet près de 90 projets.
Du matériel à la portée de tous
Du radiotélescope d'Arecibo à la petite antenne, le principe de réception est le même. La puissance va dépendre de la taille de l'antenne, du fait qu'elle puisse ou non viser différentes parties du ciel, mais surtout du récepteur.
En 1993, deux radioamateurs ont fondé une association à but non lucratif, la Seti League. Très vite, une centaine de station ont vu le jour à travers le monde dans le cadre du projet Argus. Beaucoup sont aux États-Unis, où l'on trouvait de grandes antennes de réception satellite.
Cinq millions de participants pour SETI@HOME
En 1960, les auteurs de science-fiction imaginaient plus facilement des énormes ordinateurs que de multiples ordinateurs individuels reliés entre eux.
En 1999, les internautes ont été mis à contribution dans le cadre du projet SETI@HOME. L'initiative, qui devait durer 2 ans, est toujours active. Plus de cinq millions de participants répartis dans 226 pays différents génèrent près de 200 Teraflops/s.
BOINC aide à l’élargissement des recherches Seti
Le logiciel a connu d'importantes évolutions. Aujourd'hui, BOINC, qui est une retombée importante de la recherche d'intelligence extraterrestre, permet aux internautes de contribuer à de multiples projets, par exemple la lutte contre le paludisme.
Même si on n'a trouvé aucun signal extraterrestre en plus de 50 ans, Seti aura ainsi sans doute permis des avancées dans d'autres disciplines.
L'écran de BOINC calculant des données pour SETI@HOME. © DR
Nombre de canaux : de 1 à 2G
Si les amateurs peuvent donc contribuer à l'analyse des signaux, c'est grâce à la loi de Moore. Cet ingénieur avait prédit, en 1975, que le nombre de transistors des circuits imprimés doublerait tous les 2 ans.
Une caractéristique importante des projets Seti est le nombre de canaux qu'ils utilisent. Si l'on compare à un poste radio, Drake écoutait une seule station à la fois en 1960 alors qu'en 2009, Serendip V permettait d'en écouter deux fois 1012 (ou 2G).
La loi de Moore s'applique donc plus ou moins à l'évolution du nombre de canaux utilisés par les astronomes dans le cadre des projets Seti.
Multiplication des antennes
Inauguré en 1963, le radiotélescope d'Arecibo a une antenne de 305 m de diamètre. Le radiotélescope décimétrique de Nançay a été inauguré en 1965 par Charles de Gaulle. Le réflecteur plan se compose de 10 panneaux indépendants de 20 m de large et 40 de haut. Si la taille des antennes fut un enjeu important au début de la radioastronomie, ce n'est plus le cas aujourd'hui.
En 1971, une école d'été est organisée par la Nasa sur le thème de la recherche de vie extraterrestre. Elle est baptisée projet Cyclops. Son objectif est de déterminer ce qui sera nécessaire en termes de matériel, personnel, temps et de budget pour tenter de détecter de la vie extraterrestre intelligente en dehors du Système solaire.
Le rapport du projet Cyclops. © DR
En 1972, Project Cyclops, a Design Study of a system for detecting Extreterrestrial Intelligent Life, un volumineux rapport technique décrivant un interféromètre est publié par la Nasa. Dix mille copies sont distribuées rapidement. Les vues d'artistes montrent un grand nombre d'antennes, qui ont effrayé les politiciens. Cependant, les conclusions stipulaient que l'on pouvait commencer avec un petit réseau et l'étendre au fur et à mesure.
En 1997, le Seti Institute a lancé une série d'ateliers pour définir les objectifs des 20 années à venir. Le rapport final, intitulé Seti 2020, recommande la construction d'un télescope d'un hectare (1HT : One Hectar Telescop).
Seti 2020, le rapport du Seti Institute. © DR
En 2001, le projet a reçu un financement de la part de Paul Allen, l'un des fondateurs de Microsoft. Le 1HT s'est appelé Ata pour Allen Telescope Array. L'objectif est d'avoir 350 antennes de 6,1 m de diamètre chacune.
Actuellement, seules 42 antennes sont opérationnelles. Pour la première fois, un radiotélescope est entièrement consacré à Seti 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Nouvelles stratégies
On voit que les progrès techniques sont immenses pour ce qui concerne la réception d'ondes radio. Cependant, la recherche d'intelligence extraterrestre a exploré de nouvelles pistes depuis ses débuts. De nombreux acronymes sont apparus, comme Oseti pour Optical Seti, qui regroupe toutes les recherches en optique.
Nous avons fêté, en 2010, les 50 ans de la découverte du laser. En 1961, le prix Nobel Charles Towned suggéra la recherche de signaux laser d'origine extraterrestre dans un article coécrit avec le docteur Shalow.
L'un des pionniers est Stuart Kingsley, membre de la Seti League, qui a mis en place un observatoire à Colombus, aux États-Unis, avant de déménager en Angleterre à Bornemouth.
La Planetary Society a financé le télescope Seti optique de l'observatoire d'Oak Ridge à Harvard. Celui-ci a été inauguré le 11 avril 2006. En janvier 2007, le télescope avait couvert la totalité du ciel visible en ayant bénéficié de 200 nuits claires.
Télescope Ata : Vous n’avez toujours rien reçu ?
En quête d'une vie ailleurs que sur Terre, le télescope Ata est à l'affût de la moindre activité sonore dans l'espace. Spécialement dédié au programme Seti, il n'a toujours pas reçu de signal. Mais il ne s'agit, peut-être, que d'une question de temps...
L'univers mystérieux. © WikiImages – CCO
Le signal Wow ! reçu en 1977. © The Ohio State University Radio Observatory and the North American AstroPhysical Observatory (Naapo), DP
Le télescope Ata au service de Seti
Même si 50 ans représentent la moitié d'une vie humaine, à l'échelle cosmique, ce n'est pas grand-chose. Même s'il y a presque toujours eu un radiotélescope à l'écoute quelque part dans le monde, depuis le projet Ozma, il n'y a pas longtemps que nous avons un télescope entièrement dédié à Seti, l'Allen Telescope Array (Ata).
La recherche Seti adopte une démarche scientifique et met en œuvre des protocoles qui imposent des vérifications. On ne peut pas crier « Nous ne sommes pas seuls dans l'univers ! » sans apporter des preuves extraordinaires. Par exemple, certains projets ont sélectionné des signaux candidats, sur certains critères. Ce ne sont pas des preuves de l'existence de vie extraterrestre intelligente tant qu'ils ne se seront pas répétés, tant que l'on n'aura pas vérifié qu'aucune autre explication n'est possible.
Le radiotélescope Big Ear perçoit un son
Le 15 août 1977, un signal a été reçu par un radiotélescope nommé Big Ear dans l'Ohio. L'opérateur de service a écrit « Wow ! » juste à côté de la sortie papier. De nombreuses hypothèses sur son origine ont été émises mais aucune n'est confirmée. La seule certitude est que si nous ne cherchons pas, nous ne trouverons rien. Il faut donc persévérer. Peut-être que d'ici 2060...
Pour en savoir un peu plus sur le programme Seti, parcourez les sources ci-dessous.
D'autres formes de vie existent-elles ? © Geralt – CCO
Les sites consacrés à Seti :
la Seti League : www.setileague.org ;
version française : www.setileague.free.fr ;
le téléchargement de BOINC : « SETI@HOME » www.boinc.berkeley.edu ;
l'Alliance francophone : www.boinc-af.org.
Les informations en ligne uniquement en anglais :
Seti Institute : www.seti.org ;
Big Ear (signal Wow !) : www.bigear.org/default.htm.
Les articles publiés :
SETI@SF dans Les Aliens de la science-fiction : www.moutons-electriques.fr/livre.php?p=intro&n=67 ;
Une chronologie de Seti dans L'Astronomie, volume 121 : www2.saf-lastronomie.com/lastro/last0706.htm.
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