Post by Andrei Tchentchik on Jun 24, 2019 16:26:13 GMT 2
(#220).- Hubble surprend un astéroïde en pleine auto-destruction.
Hubble surprend un astéroïde en pleine auto-destruction.
Par Tristan Vey – Publié le 29/03/2019 à 17:50
Les «queues» de l'astéroïde (6478) Gault s'étendent respectivement sur 800.000 et 200.000 km. Elles ne font que quelques milliers de kilomètres de large. NASA, ESA, K. Meech and J. Kleyna (University of Hawaii), and O. Hainaut (European Southern Observatory).
L'astéroïde (6478) Gault a été surpris en train de se disloquer, formant derrière lui deux longues traînées lumineuses qui lui donnent de faux airs de comète.
Ce n'est ni une comète, ni une étoile filante. Ce n'est pas un vaisseau spatial non plus. Cet étrange objet aux longues queues lumineuses est en fait un astéroïde surpris en train de se disloquer. Ce cliché étonnant a été pris par le télescope spatial Hubble. Mais au fait, en quoi est-il si surprenant ?
Seule une vingtaine d'astéroïdes a déjà montré une «activité» similaire. Mais rarement de manière aussi spectaculaire. Les astéroïdes sont en principe de simples rochers, plus ou moins gros et tarabiscotés, dont l'existence reste relativement monotone (hors collision avec une planète, les dinosaures s'en souviennent, ou avec un autre astéroïde). Ils diffèrent en cela des comètes, des corps de composition finalement assez similaire mais restés pendant des milliards d'années dans les confins gelés du Système solaire avant d'être projetés vers le Soleil pour une raison une autre. À chaque passage près de notre étoile, ils se vaporisent alors donnant naissance à une chevelure et une queue aussi gigantesques que spectaculaires.
Mais ce n'est pas ce phénomène qui explique la formation de ces longues traînes de poussières ici. C'est a priori la rotation de l'astéroïde sur lui-même qui a fini par provoquer sa désintégration (partielle pour le moment). Cette rotation aurait peu à peu augmenté, sur des millions d'années, sous l'action de l'effet YORP (Yarkovsky-O'Keefe-Radzievskii-Paddack), un phénomène complexe lié au fait que l'astéroïde ne rayonne pas dans toutes les directions de la même manière.
Double désintégration
Lorsque la rotation atteint une vitesse critique d'un demi-tour par heure, la gravité ne suffit plus à maintenir la cohésion de l'ensemble. Des glissements de terrain se produisent et une partie du matériau friable est projetée à quelques kilomètres heure seulement. Suffisant néanmoins pour échapper à l'attraction de l'astéroïde! Les photons solaires accélèrent alors les poussières, d'autant plus vite qu'elles sont petites. Les astronomes estiment que les plus lointaines, à 800.000 km pour la queue la plus longue, 200.000 pour la plus petite, ne sont pas plus grosses qu'un grain de farine. Les plus proches de l'astéroïde font la taille de gros grains de sable.
Ce sont deux désintégrations successives, a priori le 28 octobre puis le 30 décembre qui ont conduit à la formation des deux «queues» de (6478) Gault. Ces dernières n'ont été découvertes que le 5 janvier par le télescope ATLAS (Asteroid Terrestrial-Impact Last Alert System) situé à Hawaï. D'autres données plus anciennes ont alors pu être retrouvées dans les archives du télescope, mais aussi dans celles du télescope PanSTARRS, à Hawaï également. Différents instruments ont alors scruté l'astéroïde, dont le télescope spatial Hubble.
L'ensemble de ces observations feront prochainement l'objet d'une publication dans la revue The Astrophysical Journal Letters.
F I N .
Hubble surprend un astéroïde en pleine auto-destruction.
Par Tristan Vey – Publié le 29/03/2019 à 17:50
Les «queues» de l'astéroïde (6478) Gault s'étendent respectivement sur 800.000 et 200.000 km. Elles ne font que quelques milliers de kilomètres de large. NASA, ESA, K. Meech and J. Kleyna (University of Hawaii), and O. Hainaut (European Southern Observatory).
L'astéroïde (6478) Gault a été surpris en train de se disloquer, formant derrière lui deux longues traînées lumineuses qui lui donnent de faux airs de comète.
Ce n'est ni une comète, ni une étoile filante. Ce n'est pas un vaisseau spatial non plus. Cet étrange objet aux longues queues lumineuses est en fait un astéroïde surpris en train de se disloquer. Ce cliché étonnant a été pris par le télescope spatial Hubble. Mais au fait, en quoi est-il si surprenant ?
Seule une vingtaine d'astéroïdes a déjà montré une «activité» similaire. Mais rarement de manière aussi spectaculaire. Les astéroïdes sont en principe de simples rochers, plus ou moins gros et tarabiscotés, dont l'existence reste relativement monotone (hors collision avec une planète, les dinosaures s'en souviennent, ou avec un autre astéroïde). Ils diffèrent en cela des comètes, des corps de composition finalement assez similaire mais restés pendant des milliards d'années dans les confins gelés du Système solaire avant d'être projetés vers le Soleil pour une raison une autre. À chaque passage près de notre étoile, ils se vaporisent alors donnant naissance à une chevelure et une queue aussi gigantesques que spectaculaires.
Mais ce n'est pas ce phénomène qui explique la formation de ces longues traînes de poussières ici. C'est a priori la rotation de l'astéroïde sur lui-même qui a fini par provoquer sa désintégration (partielle pour le moment). Cette rotation aurait peu à peu augmenté, sur des millions d'années, sous l'action de l'effet YORP (Yarkovsky-O'Keefe-Radzievskii-Paddack), un phénomène complexe lié au fait que l'astéroïde ne rayonne pas dans toutes les directions de la même manière.
Double désintégration
Lorsque la rotation atteint une vitesse critique d'un demi-tour par heure, la gravité ne suffit plus à maintenir la cohésion de l'ensemble. Des glissements de terrain se produisent et une partie du matériau friable est projetée à quelques kilomètres heure seulement. Suffisant néanmoins pour échapper à l'attraction de l'astéroïde! Les photons solaires accélèrent alors les poussières, d'autant plus vite qu'elles sont petites. Les astronomes estiment que les plus lointaines, à 800.000 km pour la queue la plus longue, 200.000 pour la plus petite, ne sont pas plus grosses qu'un grain de farine. Les plus proches de l'astéroïde font la taille de gros grains de sable.
Ce sont deux désintégrations successives, a priori le 28 octobre puis le 30 décembre qui ont conduit à la formation des deux «queues» de (6478) Gault. Ces dernières n'ont été découvertes que le 5 janvier par le télescope ATLAS (Asteroid Terrestrial-Impact Last Alert System) situé à Hawaï. D'autres données plus anciennes ont alors pu être retrouvées dans les archives du télescope, mais aussi dans celles du télescope PanSTARRS, à Hawaï également. Différents instruments ont alors scruté l'astéroïde, dont le télescope spatial Hubble.
L'ensemble de ces observations feront prochainement l'objet d'une publication dans la revue The Astrophysical Journal Letters.
F I N .