Post by Andrei Tchentchik on Jun 26, 2019 18:34:25 GMT 2
(#227).- Un astéroïde clandestin tourne à l’envers dans notre Système solaire.
Un astéroïde clandestin tourne à l’envers dans notre Système solaire.
Par Tristan Vey - Publié le 23/05/2018 à 12 :42
Contrairement aux astéroïdes «troyens» qui tournent avec Jupiter autour du Soleil dans le même sens, 2015 BZ 509 tourne dans le sens inverse... NASA/JPL-Caltech.
Découvert en 2014, l'astéroïde 2015 BZ 509 partage à peu près la même orbite que Jupiter, mais tourne dans le sens contraire. Les astronomes pensent aujourd'hui qu'il a été capté à une étoile voisine dans la prime jeunesse de notre Soleil.
En octobre dernier, un astéroïde venu d'ailleurs, 1I/2017 U1 (‘Oumuamua), faisait une incursion fugitive dans notre Système solaire avant de repartir dans les profondeurs de l'espace intersidéral. C'était la première fois que le passage d'un corps étranger dans notre voisinage était enregistré par les astronomes. Nous sommes dans une situation un peu différente cette fois-ci: les astronomes pensent que notre étoile a chipé dans sa prime jeunesse un astéroïde à une voisine. Cette sorte de passager clandestin cosmique nous accompagnerait ainsi depuis toujours, selon une nouvelle étude parue lundi dans les Monthly Notices of the Royal Astronomical Society.
C'est l'orbite étrange de ce corps de 3km, découvert en 2014 par le programme de détection automatique Pan-STARRS, à Hawaï, qui a mis la puce à l'oreille des chercheurs. Pour commencer, 2015 BZ 509 tourne à l'envers autour du Soleil. Ce n'est pas courant. On dénombre moins d'une centaine de ces objets dits «rétrogrades» dans le Système solaire, soit moins de 0,01%. Mais ce n'est pas tout. La plupart d'entre eux sont généralement sur des orbites très elliptiques. Ce n'est pas le cas de «BZ»: son orbite est relativement peu étirée. Sa distance moyenne au Soleil est enfin la même que la planète Jupiter et sa période de révolution identique: 11,6 ans. Chaque fois que Jupiter fait un tour autour du Soleil dans un sens, «BZ» fait un tour dans l'autre sens.
«Contrairement aux autres objets rétrogrades qui peinent à rester plus de 10.000 ans sur leur orbite dans les modèles, 2015 BZ 509 y restait sans problème 100 fois plus longtemps», explique Fathi Namouni, astronome à l'Observatoire de la Côte d'Azur, premier auteur de ces nouveaux travaux. «Nous avons donc prolongé nos calculs.» Avec sa collègue Helena Morais, de l'Unesp, au Brésil, le chercheur a utilisé un nouveau modèle, plus précis, et des moyens informatiques monumentaux pour retracer l'histoire de cet astéroïde sur des milliards d'années.
Résultat: l'orbite de «BZ» est étonnamment stable. «Nous pouvons remonter jusqu'aux origines du Système solaire sans problème. Or à cette époque, tous les objets tournaient dans le même sens, sans exception. Cela ne peut vouloir dire qu'une chose: cet astéroïde ne vient pas d'ici.» Ce qui en ferait le premier corps étranger «captif» de notre Système solaire. Les modélisations effectuées montrent aussi que des astéroïdes captés à la même époque pourraient avoir tendance à voir leur orbite se décaler peu à peu pour finir sur des trajectoires perpendiculaires au plan du Système solaire. «Nous regardons pour voir si les corps que l'on connaît sur ces orbites polaires pourraient avoir une origine extrasolaire», précise Fathi Namouni.
Le Soleil ne prend plus de passagers
Les autres objets rétrogrades connus pourraient-ils eux aussi être «clandestins»?
«À priori, non. Ce sont généralement des objets qui viennent du nuage d'Oort, un vaste réservoir de corps glacés situés 10.000 fois plus loin du Soleil que la Terre (à titre de comparaison, Pluton ne s'éloigne jamais à plus de 50 fois la distance Terre-Soleil, NDLR)», précise le chercheur. Dans ces zones très reculées, la gravité exercée par le Soleil entre en compétition avec celle produite par les 100 milliards d'étoiles qui composent notre galaxie, la Voie lactée.
Cet effet de marée galactique fait progressivement bouger le plan dans lequel ces objets tournent autour du Soleil. Après quelques millions d'années, ils sont renversés comme des crêpes et tournent alors dans le mauvais sens. S'ils sont perturbés à ce moment, ils peuvent être projetés vers l'intérieur du Système solaire, à l'image de la comète de Halley qui revient périodiquement illuminer le ciel tous les 76 ans (prochain passage en 2061).
Notre Soleil pourrait-il encore prendre des passagers venus d'ailleurs? «Non, c'est pratiquement impossible», tranche Fathi Namouni. «Dans sa prime jeunesse, le Soleil avait non seulement des voisines, mais le Système solaire baignait encore dans un nuage de gaz qui pouvait freiner ces objets étrangers pour les conserver en orbite. Sans ce gaz, les astéroïdes qui croisent notre route ne peuvent pas s'arrêter et sont cond**nées à être éjectés.»
F I N .
Un astéroïde clandestin tourne à l’envers dans notre Système solaire.
Par Tristan Vey - Publié le 23/05/2018 à 12 :42
Contrairement aux astéroïdes «troyens» qui tournent avec Jupiter autour du Soleil dans le même sens, 2015 BZ 509 tourne dans le sens inverse... NASA/JPL-Caltech.
Découvert en 2014, l'astéroïde 2015 BZ 509 partage à peu près la même orbite que Jupiter, mais tourne dans le sens contraire. Les astronomes pensent aujourd'hui qu'il a été capté à une étoile voisine dans la prime jeunesse de notre Soleil.
En octobre dernier, un astéroïde venu d'ailleurs, 1I/2017 U1 (‘Oumuamua), faisait une incursion fugitive dans notre Système solaire avant de repartir dans les profondeurs de l'espace intersidéral. C'était la première fois que le passage d'un corps étranger dans notre voisinage était enregistré par les astronomes. Nous sommes dans une situation un peu différente cette fois-ci: les astronomes pensent que notre étoile a chipé dans sa prime jeunesse un astéroïde à une voisine. Cette sorte de passager clandestin cosmique nous accompagnerait ainsi depuis toujours, selon une nouvelle étude parue lundi dans les Monthly Notices of the Royal Astronomical Society.
C'est l'orbite étrange de ce corps de 3km, découvert en 2014 par le programme de détection automatique Pan-STARRS, à Hawaï, qui a mis la puce à l'oreille des chercheurs. Pour commencer, 2015 BZ 509 tourne à l'envers autour du Soleil. Ce n'est pas courant. On dénombre moins d'une centaine de ces objets dits «rétrogrades» dans le Système solaire, soit moins de 0,01%. Mais ce n'est pas tout. La plupart d'entre eux sont généralement sur des orbites très elliptiques. Ce n'est pas le cas de «BZ»: son orbite est relativement peu étirée. Sa distance moyenne au Soleil est enfin la même que la planète Jupiter et sa période de révolution identique: 11,6 ans. Chaque fois que Jupiter fait un tour autour du Soleil dans un sens, «BZ» fait un tour dans l'autre sens.
«Contrairement aux autres objets rétrogrades qui peinent à rester plus de 10.000 ans sur leur orbite dans les modèles, 2015 BZ 509 y restait sans problème 100 fois plus longtemps», explique Fathi Namouni, astronome à l'Observatoire de la Côte d'Azur, premier auteur de ces nouveaux travaux. «Nous avons donc prolongé nos calculs.» Avec sa collègue Helena Morais, de l'Unesp, au Brésil, le chercheur a utilisé un nouveau modèle, plus précis, et des moyens informatiques monumentaux pour retracer l'histoire de cet astéroïde sur des milliards d'années.
Résultat: l'orbite de «BZ» est étonnamment stable. «Nous pouvons remonter jusqu'aux origines du Système solaire sans problème. Or à cette époque, tous les objets tournaient dans le même sens, sans exception. Cela ne peut vouloir dire qu'une chose: cet astéroïde ne vient pas d'ici.» Ce qui en ferait le premier corps étranger «captif» de notre Système solaire. Les modélisations effectuées montrent aussi que des astéroïdes captés à la même époque pourraient avoir tendance à voir leur orbite se décaler peu à peu pour finir sur des trajectoires perpendiculaires au plan du Système solaire. «Nous regardons pour voir si les corps que l'on connaît sur ces orbites polaires pourraient avoir une origine extrasolaire», précise Fathi Namouni.
Le Soleil ne prend plus de passagers
Les autres objets rétrogrades connus pourraient-ils eux aussi être «clandestins»?
«À priori, non. Ce sont généralement des objets qui viennent du nuage d'Oort, un vaste réservoir de corps glacés situés 10.000 fois plus loin du Soleil que la Terre (à titre de comparaison, Pluton ne s'éloigne jamais à plus de 50 fois la distance Terre-Soleil, NDLR)», précise le chercheur. Dans ces zones très reculées, la gravité exercée par le Soleil entre en compétition avec celle produite par les 100 milliards d'étoiles qui composent notre galaxie, la Voie lactée.
Cet effet de marée galactique fait progressivement bouger le plan dans lequel ces objets tournent autour du Soleil. Après quelques millions d'années, ils sont renversés comme des crêpes et tournent alors dans le mauvais sens. S'ils sont perturbés à ce moment, ils peuvent être projetés vers l'intérieur du Système solaire, à l'image de la comète de Halley qui revient périodiquement illuminer le ciel tous les 76 ans (prochain passage en 2061).
Notre Soleil pourrait-il encore prendre des passagers venus d'ailleurs? «Non, c'est pratiquement impossible», tranche Fathi Namouni. «Dans sa prime jeunesse, le Soleil avait non seulement des voisines, mais le Système solaire baignait encore dans un nuage de gaz qui pouvait freiner ces objets étrangers pour les conserver en orbite. Sans ce gaz, les astéroïdes qui croisent notre route ne peuvent pas s'arrêter et sont cond**nées à être éjectés.»
F I N .