Post by Andrei Tchentchik on Jul 26, 2019 12:59:48 GMT 2
(#263).- Les ‘’Black Program’’ - Le Projet Blue Book.
Les ‘’Black Program’’ - Le Projet Blue Book.
1er Février 2017.
Le projet qui succéda au projet Grudge pour l’étude des ovnis.
Suite à plusieurs observations radars et rencontres de chasseurs avec des ovnis, qui eurent lieu le 10 septembre 1951, près de Fort Monmouth (New Jersey), qui inquiétèrent l’Air Force; le général Cabell, commandant du renseignement de l’US Air Force, organisa alors une réunion pour faire le point sur les enquêtes sur les ovnis.
Cabell, qui avait déjà eu à se plaindre, depuis que Harold E. Watson avait été nommé à la tête de l’ATIC, « Air Technical Intelligence Center », en juillet 1949, eu de nouveau l’occasion de montrer son mécontentement. Lors de la réunion, plusieurs choses furent dévoilées. Il s’avera que Watson avait volontairement et constamment minimisé l’importance des rapports d’observations (1).
On peut dire que Watson et James Rodgers, le responsable du projet Grudge, en prirent pour leurs grades. Cabell réorganisa les postes, pour pouvoir compter sur des officiers qui traiteraient le sujet ovni sérieusement. Watson sera remplacé à l’ATIC par le colonel Franck Dunn et le major Jerry Boggs, alors en poste au Pentagone également.
La création d’un nouveau programme
Ensuite, Cabell donna l’ordre à l’ATIC de reprendre sérieusement les investigations et de créer un nouveau projet, pour succéder au projet Grudge.
Et celui-ci fût surnommé provisoirement, « Projet New Grudge » (« nouvelle rancune ») et sera officiellement établi le 27 octobre 1951. En fait le travail précédemment effectué par le projet Grudge, qui sera repris par la nouvelle équipe, gardera son nom sur les rapports, même jusqu’à l’appellation définitive de « Blue Book » en 1952 (« Projet Blue Book formerly Projet Grudge » titre le rapport n°5). Et seul le numéro de codification interne pour l’armée changera et il prendra le n° de projet 10073 (le premier projet Grudge achevé en août 1949 avait le n° XS-304).
Dunn, avant son départ, transmis sa charge à Rosengarten, qui s’en débarrassa bien vite en la transmettant à Cumming. Quand Cumming quitta l’Air Force, pour une affectation à l’Institut de Technologie de Californie, le 16 septembre, il désigna les lieutenants Edward J. Ruppelt et Henry Metsher (qui avaient travaillé avec lui sur plusieurs cas, dont celui des « lumières de Lubbock » au Texas), pour s’occuper des enquêtes sur les ovnis.
Ruppelt avait servi durant la Seconde Guerre Mondiale, comme pilote de bombardier B-29 dans le Pacifique (avec de bons états de service, il recevra deux « Distinguished Flying Cross »). Après sa démobilisation, il fit des études à l’Iowa State College où il avait obtenu un diplôme d’ingénieur en aéronautique. Rappelé sous les drapeaux en 1950 à cause de la guerre de Corée, il se retrouva au service de renseignements de la Wright-Patterson Air Force Base.
Malgré ses qualités, le choix d’un officier aussi jeune (Ruppelt a 28 ans), qui n’est pas un militaire de carrière et qui n’est pas officier supérieur, et assez étonnant, compte-tenu de l’importance du projet. Mais bien-sûr, à moins que ce choix ne soit clairement voulu.
Jusqu’à la fin de 1951, le groupe ne sera composé que de ces deux lieutenants.
En mars 1952, un groupe d’étude à temps plein fût mis en place par l’ATIC, et désigné sous le nom de « groupe des phénomènes aériens ». En juin, le groupe est devenu un service de l’ATIC propement-dit, et entre-temps il recevra son nom définitif de « Projet Blue Book ». Dans la foulée, Ruppelt sera promu capitaine et nommé à la tête du programme.
Le premier souci de Ruppelt, celui d’améliorer le travail d’enquête.
Ruppelt pris sa nouvelle tâche très au sérieux, et ayant déjà travaillé l’année précédente sur le phénomène ovni, il savait ce qui était mal adapté et ce qu’il fallait améliorer. Une des premières mesures, sera de s’entourer d’un personnel compétent (il n’hésitait pas à se séparer des personnes qui négligeaient leur travail, parce qu’elles jugeaient le phénomène ovni sans intérêt).
Il obtint que le Dr. Hynek, déjà conseiller en astronomie auprès de l’Air Force, devienne le consultant scientifique du projet Blue Book.
Ensuite, il fera appel au projet Stork, pour mettre au point un nouveau modèle de questionnaire pour les témoins, mieux adapté. Et aussi pour avoir la mise en place d’une standardisation des procédures, afin de travailler plus efficacement et plus rapidement.(2)
Une autre innovation, sera de procéder à des séances d’informations régulières pour les supérieurs de l’Air Force et de la Défense.
Suite à une suggestion du général Cabell, il fera installer des caméras sur les bases aériennes, qui n’en étaient pas équipées et l’installation de trente nouveaux radars, répartis dans tous le pays. Pour cela il voulu équiper les objectifs des caméras de nouveaux filtres spéciaux à diffraction, qui avaient été mis au point à partir des travaux du physicien Joseph Kaplan, de l’Université de Californie. Qui seraient capable de saisir le spectre de couleur d’un objet, pour pouvoir le comparer à celle d’une chose existante connue (un avion, un météore, des étoiles…). Afin d’améliorer le travail d’identification.
C’est aussi Ruppelt qui généralisa l’utilisation du terme « UFO », « Unidentified Flying Object », « Objets volants non identifiés« . Alors qu’avant, dans bon nombre de rapports et de courriers internes, les termes « soucoupes », « disques », ou encore « lumières » étaient couramment utilisés.
Les investigations commencent
A partir de 1952, les rapports commencèrent à affluer. Ruppelt assista à une réunion d’information avec le colonel Dunn et le major général John A. Samford, le nouveau directeur du renseignement de l’Air Force (Cabell avait été nommé sous-directeur de la CIA). Ce dernier semblait déjà très au fait du sujet ovni. Il nomma le brigadier général W. M. Garland, pour être chargé de faire la liaison entre l’ATIC et Blue Book. Ruppelt appris que Garland avait déjà vu une fois un ovni lorsqu’il était en poste à Sacramento (Californie). A partir de ce moment, le supérieur direct de Ruppelt sera le général Garland.
Durant l’été 1952, se produira la plus grande vague d’ovnis jamais observée.
Et le survol de la Maison Blanche par des ovnis durant toute une nuit incita le président Truman, à demander une intervention de la CIA, avec la consultation d’un nouveau panel de consultants engagés par l’agence de renseignements, appelé le « Panel Robertson » (auparavant il portait le nom de « Groupe consultatif scientifique sur les ovnis ») en janvier 1953. Ce panel enverra ses conclusions et ses recommendations au secrétaire à la Défense, au directeur de la FCDA (l’administration fédérale de la défense civile), au directeur de la National Ressouce Board (la commission des ressources nationales) et à Cabell à la CIA. Mais pas à Ruppelt, ni à son supérieur le général Garland. Ces derniers n’en seront informés que plus tard lors d’une réunion de la CIA. Qui en fait leur mentira sur les recommandations réelles du panel Robertson en leur disant, que celui-ci avait recommandé d’étendre les capacités de Blue Book et de déclasser tous les fichiers.(3)
Suite à cette réunion, Ruppelt cherchera à avoir encore plus de moyens pour le projet Blue Book. Il prévoira le recrutement de personnel supplémentaire, la mise en oeuvre définitive de la surveillance par caméra et la diffusion d’un communiqué auprès du service de presse de l’Air Force, pour apporter au public plus de transparence dans la politique de l’Armée de l’air, au sujet des ovnis. Mais Ruppelt se rendra très vite compte que concrètement, la politique des forces armées restait la même.
Les conséquences des conclusions du panel Robertson
L’Air Force réécrira le règlement « AFR 200-2 », « Air Force Règlement 200-2 », qui sera adressé à toutes les bases aériennes de l’Air Force. Celui-ci disait entre autre, que seul le 4602d AISS (4602d Air Intelligence Service Squadron) est habilité à faire des recherches, à moins qu’il y est une autre unité AISS dans les environs. Et que le commandant de la base devait désormais lui envoyer tous les rapports, ou à une autre unité AISS, plus proche de la base, s’il y a lieu.
L’interdiction de faire des déclarations au public concernant les apparitions, sauf par l’intermédiaire de Blue Book, à moins que l’observation n’ait été identifiée.
En février 1958, le règlement 200-2 sera modifié pour la cinquième fois. Il avait été ajouté que « l’Air Force doit réduire le nombre des observations non-identifiées au minimum ». Le résultat ne se fera pas attendre, en 1952: 303 cas non-identifiés; en 1953: 42 seulement; et en 1966: 12 !
Ce règlement ne faisait que renforcer la circulaire « JANAP-146 », « Joint Army-Navy-Air Publication n° 146 », de 1952, qui établissait que « de divulguer quelques informations sur quelques cas non-identifiés que ce soient » était un « crime punissable de dix ans de détention et de 10.000 dollars d’amende ». Bien-sûr, pour éviter que des militaires parlent aux journalistes.
Le début de la fin pour Blue Book
Alors que cela avait semblé bien commencer à partir de 1952, l’année 1953 marquera clairement le début d’un revirement des autorités, dans les moyens accordés à Blue Book.
Après que Ruppelt ait suivi un cours avancé de renseignements à la Lowry Air Force Base du 7 avril au 3 juillet 1953, c’est à ce moment que le projet recevra une nouvelle affectation de tâche, avec un transfert temporaire, pour s’occuper d’autres tâches à Denver, qui n’avaient rien à voir avec les ovnis. Et à la fin de la guerre de Corée en 1953, Ruppelt sera démis de ses fonctions liées au projet Blue Book, mais continuera à faire partie du programme.
Par la suite, Ruppelt sera remplacé à la tête du projet par le lieutenant Bob Olsson. Blue Book continuera son travail en 1954 assez normalement, mais l’augmentation de personnel et la fourniture de nouveaux moyens n’arriveront jamais.
Ruppelt essaiera tout de même de faire avancer les choses, en suggérant l’utilisation d’autres unités de renseignements pour les enquêtes sur le terrain. Ce qui aboutira à avoir recours à la 4602d AISS, « Air Intelligence Service Squadron », (une unité de l’Air Défense Command, disposant de 19 équipes dispersées dans tout le pays) qui se verra officiellement dévolue ce travail.(4)
En août 1953, au moment du départ de Ruppelt et de ses deux assistants, Blue Book ne sera plus constitué que de dix personnes. Il ne sera plus qu’un simple dépôt de fichiers et servira de façade médiatique, pour les relations publiques de l’Air Force. Et au cours de l’année 1953, pendant une courte période, Blue Book ne sera même plus dirigé par un officier, mais par un soldat de première classe, le « A1/C », « Airman 1ère Class », Max Futch (très compétent au demeurant, et apprécié par Ruppelt. Après son remplacement à Blue Book, il quittera l’armée pour entrer dans une école de droit).(5)
Mais des organismes privés seront aussi touchés. En novembre 1953, se produira, « par ordre d’une autorité supérieure », la dissolution de l’IFSB, « International Flying Saucer Bureau », avec interdiction de paraitre pour son magazine « Space Review » (parce qu’il donnait trop de détails au public). Et il en sera de même pour la CSI, « Civilian Saucer Investigation ».
En mars 1954, c’est le capitaine Charles Hardin qui prendra les commandes de Blue Book, dont l’effectif à l’époque était tombé à deux personnes.
Le capitaine Charles Hardin.
Avec ces maigres moyens, et n’étant plus chargé des enquêtes, Hardin ne se verra confier comme tâche, que de centraliser les demandes de renseignements du public et de s’assurer de la bonne mise en oeuvre des recommandations du panel Robertson.
Durant cette période, les explications des observations étant volontairement orientées pour une explication tout-à-fait naturelle, le taux de rapports « inexpliqués », chutera de 60% en 1954, à 5,9% en 1955, à 0,4% en 1956. Paradoxalement, alors que les taux d’observations inexpliquées diminueront dans les chiffres, les observations continueront de se produire en grand nombre. Avec un fort taux « d’inexpliqués », quand on connaît les chiffres réels du travail d’analyse du phénomène.
En 1956, ce sera le capitaine George T. Gregory qui prendra la suite comme responsable de Blue Book.
A partir de ce moment, les rapports traités par le projet, le seront négligemment et en dépit du bon sens. Par exemple, tous les rapports en provenance du Canada seront classés dans la catégorie « données insuffisantes » et les rapports venant des bases à l’étranger étaient rarement classés de manière sérieuse.
En octobre 1958, le major Robert Friend remplacera le major Grégory.
Le nouveau responsable, malgré son manque d’illusion, tentera quand même de faire quelque chose. De peur que les rapports ne soient perdus, il proposera de microfilmer les rapports. Ce qui lui ne sera pas refusé, mais les fonds pour financer ce travail ne lui seront jamais accordés. Il réussit néanmoins à faire des réunions mensuelles avec un groupe non officiel de scientifiques, dont Hynek fera partie. Ces rencontres informelles dureront jusqu’à la fin de 1960. Parmi les scientifiques il y avait: l’astronome L.V. Robinson, l’expert en relation public Théodore J. Hieatt, l’aumônier capitaine R. Pritz, le physicien V.J. Handmacher et le psychologue D. Leroy Pigg.
En 1961, l’ATIC cherchera à se débarasser des programmes officiels d’enquêtes sur les ovnis et de travail de communications auprès du public, en voulant transférer cette charge à la NASA ou à la National Science Foundation. Mais cela ne se fera pas.
L’année 1963, verra l’arrivée du major Hector Quintanilla.
Ce dernier soulignera toujours l’aspect « relation publique » du projet, au détriment de l’intérêt des enquêtes sur le terrain. Il sera le dernier responsable du projet, jusqu’à sa dissolution.
Et ce sera l’occasion d’un scandale en 1966. Le Dr. James E. McDonald, un physicien, s’était toujours interessé aux communiqués de l’Air Force. Par curiosité, munit grâce à son statut de chercheur de l’autorisation nécessaire, il se rendra de nombreuses fois à la Wright Patterson Air Force Base où il pourra étudier de nombreux rapports. Mais lorsqu’il demandera une photocopie du rapport Robertson, la CIA sera alertée, résiliera son autorisation et s’empressera de reclasser le rapport, « secret ». Mais le Dr. MacDonald qui avait pris beaucoup de notes, en savait déjà assez. Et lorsque dans son rapport annuel, le major Quantanilla, déclara: « 30 seulement des cas soumis à l’Air Force l’année dernière sont « inexpliqués » et 676 seulement des 11107 observations signalées depuis 1947 se rangent dans cette catégorie… …Il n’existe aucunes preuves que les ovnis encore « inexpliqués » représentent des créations technologiques ou des principes situés au-dessus de notre connaissance scientifique actuelle ».
Le Dr. James E. McDonald répondra dans « The Flying Saucer News »: « Mon examen des archives de Blue Book m’a laissé l’impression qu’il y a 5 à 10 fois plus de cas inexpliqués qu’on en indique… Le public, le Congrès et les scientifiques sont induits en erreur… Je n’ai jamais vu tant de superficialité et d’incompétence dans un domaine d’une importance scientifique potentielle si énorme… Un large ensemble de preuves, recueillies ses vingt dernières années, amènent de nombreux chercheurs à la conviction que les ovnis sont extraterrestre ».
Cela sera un véritable tollé parmi la population. Les propos du Dr. James E. McDonald seront repris par tous les journaux, il fera même des conférences dans tout le pays et ses interview seront diffusées à la radio et la télévision. Par la suite, l’Air Force connaitra une sévère campagne de presse à son encontre.
A partir de 1966, l’ATIC sera exclu de toutes investigations. Alors que jusque là, depuis la fin des années quarante, l’ATIC s’était toujours occupé des apparitions d’ovnis, le 19 septembre 1966, un nouveau règlement viendra remplacer le « AFR 200-2 ». Le « AFR 80-17 » concernant « Recherche et développement – Objet volants non-identifiés » transférera le travail d’enquête, de collecte de renseignements, de préparation et de constitution des rapports à celui de la « Recherche-Développement ». Avec analyse des rapports par la « Foreign Technology Division », la « Section des Technologies Etrangères ».
Le coup de grâce pour le projet Blue Book se produira le 17 décembre 1969, quand après la lecture du rapport de la commission présidée par le Dr. Condon, le nouveau secrétaire d’état à la Défense Robert C. Seamans Jr. annoncera la résiliation du projet Blue Book, qui se produira effectivement le 30 janvier 1970, et de toutes implications de l’Air Force dans les enquêtes sur les ovnis. La justification officielle sera que « les ovnis ne représentaient pas une menace pour la sécurité nationale et n’avaient pas de valeur scientifique pour une étude ». A partir de ce moment, officiellement, l’US Air Force n’enquête plus sur les ovnis.(6)
Le bilan chiffré du Projet Blue Book
Le rapport final excluait de nombreux cas « inexpliqués ». Le Dr. Hynek, toujours consultant pour l’Air Force, cherchera après la fin du programme, à faire exactement le tri, pour dénombrer le nombre exact des cas « non identifiables », en reprenant tous les cas depuis 1947 (Blue Book ayant repris les rapports du projet Grudge et du projet Sign, dans son travail d’investigation, les observations s’étant produites avant Blue Book, étaient donc connues).
Un récaputalatif des programmes et des dates :
– Projet HT-304: Projet initial d’étude sur les ovnis de l’AMC, ne recevra pas de nom
de projet et sera connu par sa codification interne « Projet HT-304 » (on l’a surnommé
« Projet 1947 »). Du 30 juin 1947 au 26 janvier 1948;
– Project SIGN: du 26 janvier 1948 au 11 février 1949;
– Project GRUDGE: du 12 février 1949 au 10 août 1949;
– Période ou GRUDGE est « mis en sommeil »: du 10 août 1949 au 7 juillet 1950
(le projet démarré en février 1949 ayant été désactivé mais pas supprimé);
– Période de réactivation de GRUDGE: du 7 juillet 1950 au 22 octobre 1951;
– Projet NEW GRUDGE: du 22 octobre 1951 au 25 mars 1952;
– Projet BLUE BOOK: du 25 mars 1952 au 30 janvier 1970.
Et il faut bien se rendre à l’évidence, que la majorité des rapports ne concernent que des observations rapprochées que l’on appellent du premier (observation simple) ou du deuxième type (atterrissage et/ou contact entre l’objet et le témoin ou l’environement).
Etrangement, alors qu’il y eu de nombreuses rencontres du troisième type (observation à distance ou rencontre réelle avec des entités) entre 1947 et 1969, il ne figure que douze rapports au sujet des cas d’observations d’occupants d’ovnis, dont pour la plupart ils se débarrasseront purement et simplement, en leur attribuant la mention « données insuffisantes ».
Alors que le nombre total des rencontres rapprochées du troisième type aux Etats-Unis, qui sera établi par la suite, en dénombrera soixante cinq (on voit bien que les rapports les plus sensibles, quels qu’ils soient, n’arrivaient pas à Blue Book). Et Hynek de son côté, dira qu’en tant que conseiller de l’Air Force, il ne lui sera demandé d’enquêter que sur deux cas seulement: celui de Socorro (Nouveau-Méxique) et celui de Dexter (Michigan).
Concernant ces rencontres du troisième type, Jacques Vallée établira qu’il y eu sur une période de vingt deux ans, au niveau mondial, près de 750 atterrissages d’engins, dont plus de 300 d’entre-eux feront état d’humanoïdes, vu dans l’engin ou à proximité.
Il faut également reprendre des cas qui avaient été volontairement écartés lors des enquêtes et qui ne figuraient pas forcement des les rapports. Hynek fera un fichier, constitué uniquement des cas inexpliqués. Ce travail sera poursuivi durant de nombreuses années par plusieurs chercheurs et enquêteurs. Sur les 13.134 observations signalées à l’Air Force depuis 1947, on arrive au chiffre total de 1635 cas « non-identifiés ». Alors que, officiellement, Blue Book n’en aura répertorié que 701 et que 10.675 cas recevront la mention « données insuffisantes ». (7)
Ruppelt, revenu à la vie civile travaillera dans l’industrie aéronautique et écrira un livre (« The report on Unidentified Flying Object », pour l’édition Américaine, publiée en 1956) dans lequel il pensait pouvoir apprendre beaucoup de choses au public, mais le manuscrit devra au préalable être vu par l’Air Force, qui y censurera plusieurs informations gênantes avant publication (ils contrôleront même les éditions étrangères). Son livre sera réédité en 1959, avec trois nouveaux chapitres (qui ne feront que reprendre la « ligne officielle » de l’Air Force).
Dans la préface de son livre, Ruppelt avait écrit :
« Qu’est-ce qui constitue la preuve ?… …Est-ce une preuve quand une station radar au sol détecte un OVNI, envoie un avion à réaction pour l’intercepter, quand le pilote le voit, le prend dans son radar, pour le voir juste filer à une vitesse phénoménale ? Est-ce une preuve quand un pilote tire sur un OVNI et persiste dans ses affirmations même sous la menace de passer en cour martiale ? Cela constitue-t-il une preuve ? ». (8)
Ruppelt décédera d’une crise cardiaque le 15 septembre 1960.
Notes :
(1) Pour plus d’informations, voir « Les Black Program: Le Projet Grudge ».
(2) Pour plus d’informations, voir « Les Black Program: Le Projet Stork ».
(3) Le rapport du panel Robertson ne sera déclassifié qu’en 1966.
(4) En fait, la 4602d AISS s’occupe déjà des enquêtes les plus sensibles, depuis 1953. Et Ruppelt, avec le contenu exact du panel Robertson qui lui avait été caché, n’en aura jamais connaissance. Pour plus d’informations, voir « Les Black Program: Le Projet Moon Dust ».
(5) Mais alors que le rôle et les moyens de Blue Book fondent comme neige au soleil, les autorités ne négligent pas pour autant les recommandations de Ruppelt. Le 1er décembre 1953, l’US Air Force installera dans soixante-quinze de ses bases aériennes du monde entier des caméras spectroscopiques, pour photographier d’éventuels ovnis et pouvoir analyser leur spectre lumineux par des filtres à diffractions spéciaux (révélé à l’époque par le New York Herald Tribune).
(6) Pour plus d’informations voir « Les Black Program: Le Projet Colorado ».
(7) Pour voir le rapport final de Blue Book (rapports 1 à 12) paru en juin 1968, « Projects Grudge & Blue Book Report, 1-12 », cliquez sur le lien link. Pour voir le rapport spécial n°14, qui était à destination du public, cliquez sur le lien link. Pour voir les rapports de Blue Book venant des navires en mer, cliquez sur le lien link. Pour voir la liste des 1635 observations « non-identifiés », cliquez sur le lien link.
(8) Pour voir le livre de Ruppelt, en anglais, cliquez sur le lien link.
Sources :
« Le livre noir des soucoupes volantes », par Henry Durant, Editions Robert Laffont;
« Les soucoupes volantes, affaires sérieuses », par Frank Edwards, Editions Robert Laffont;
« Les objets volants non identifiés – Mythe ou réalité ? », par J Allen Hynek, Editions J’ai Lu;
« Nouveau rapport sur les O.V.N.I. », par J Allen Hynek, Editions J’ai Lu;
« The report on Unidentified Flying Object », par Edward J. Ruppelt, Editions Doubleday & Company Inc.
actualitedelhistoire.over-blog.com/
Les archives du projet Blue Book sont enfin intégralement disponibles.
www.elishean.fr/
Copyright les Hathor © Elishean/2009-2017/ Elishean mag
F I N .
Les ‘’Black Program’’ - Le Projet Blue Book.
1er Février 2017.
Le projet qui succéda au projet Grudge pour l’étude des ovnis.
Suite à plusieurs observations radars et rencontres de chasseurs avec des ovnis, qui eurent lieu le 10 septembre 1951, près de Fort Monmouth (New Jersey), qui inquiétèrent l’Air Force; le général Cabell, commandant du renseignement de l’US Air Force, organisa alors une réunion pour faire le point sur les enquêtes sur les ovnis.
Cabell, qui avait déjà eu à se plaindre, depuis que Harold E. Watson avait été nommé à la tête de l’ATIC, « Air Technical Intelligence Center », en juillet 1949, eu de nouveau l’occasion de montrer son mécontentement. Lors de la réunion, plusieurs choses furent dévoilées. Il s’avera que Watson avait volontairement et constamment minimisé l’importance des rapports d’observations (1).
On peut dire que Watson et James Rodgers, le responsable du projet Grudge, en prirent pour leurs grades. Cabell réorganisa les postes, pour pouvoir compter sur des officiers qui traiteraient le sujet ovni sérieusement. Watson sera remplacé à l’ATIC par le colonel Franck Dunn et le major Jerry Boggs, alors en poste au Pentagone également.
La création d’un nouveau programme
Ensuite, Cabell donna l’ordre à l’ATIC de reprendre sérieusement les investigations et de créer un nouveau projet, pour succéder au projet Grudge.
Et celui-ci fût surnommé provisoirement, « Projet New Grudge » (« nouvelle rancune ») et sera officiellement établi le 27 octobre 1951. En fait le travail précédemment effectué par le projet Grudge, qui sera repris par la nouvelle équipe, gardera son nom sur les rapports, même jusqu’à l’appellation définitive de « Blue Book » en 1952 (« Projet Blue Book formerly Projet Grudge » titre le rapport n°5). Et seul le numéro de codification interne pour l’armée changera et il prendra le n° de projet 10073 (le premier projet Grudge achevé en août 1949 avait le n° XS-304).
Dunn, avant son départ, transmis sa charge à Rosengarten, qui s’en débarrassa bien vite en la transmettant à Cumming. Quand Cumming quitta l’Air Force, pour une affectation à l’Institut de Technologie de Californie, le 16 septembre, il désigna les lieutenants Edward J. Ruppelt et Henry Metsher (qui avaient travaillé avec lui sur plusieurs cas, dont celui des « lumières de Lubbock » au Texas), pour s’occuper des enquêtes sur les ovnis.
Ruppelt avait servi durant la Seconde Guerre Mondiale, comme pilote de bombardier B-29 dans le Pacifique (avec de bons états de service, il recevra deux « Distinguished Flying Cross »). Après sa démobilisation, il fit des études à l’Iowa State College où il avait obtenu un diplôme d’ingénieur en aéronautique. Rappelé sous les drapeaux en 1950 à cause de la guerre de Corée, il se retrouva au service de renseignements de la Wright-Patterson Air Force Base.
Malgré ses qualités, le choix d’un officier aussi jeune (Ruppelt a 28 ans), qui n’est pas un militaire de carrière et qui n’est pas officier supérieur, et assez étonnant, compte-tenu de l’importance du projet. Mais bien-sûr, à moins que ce choix ne soit clairement voulu.
Jusqu’à la fin de 1951, le groupe ne sera composé que de ces deux lieutenants.
En mars 1952, un groupe d’étude à temps plein fût mis en place par l’ATIC, et désigné sous le nom de « groupe des phénomènes aériens ». En juin, le groupe est devenu un service de l’ATIC propement-dit, et entre-temps il recevra son nom définitif de « Projet Blue Book ». Dans la foulée, Ruppelt sera promu capitaine et nommé à la tête du programme.
Le premier souci de Ruppelt, celui d’améliorer le travail d’enquête.
Ruppelt pris sa nouvelle tâche très au sérieux, et ayant déjà travaillé l’année précédente sur le phénomène ovni, il savait ce qui était mal adapté et ce qu’il fallait améliorer. Une des premières mesures, sera de s’entourer d’un personnel compétent (il n’hésitait pas à se séparer des personnes qui négligeaient leur travail, parce qu’elles jugeaient le phénomène ovni sans intérêt).
Il obtint que le Dr. Hynek, déjà conseiller en astronomie auprès de l’Air Force, devienne le consultant scientifique du projet Blue Book.
Ensuite, il fera appel au projet Stork, pour mettre au point un nouveau modèle de questionnaire pour les témoins, mieux adapté. Et aussi pour avoir la mise en place d’une standardisation des procédures, afin de travailler plus efficacement et plus rapidement.(2)
Une autre innovation, sera de procéder à des séances d’informations régulières pour les supérieurs de l’Air Force et de la Défense.
Suite à une suggestion du général Cabell, il fera installer des caméras sur les bases aériennes, qui n’en étaient pas équipées et l’installation de trente nouveaux radars, répartis dans tous le pays. Pour cela il voulu équiper les objectifs des caméras de nouveaux filtres spéciaux à diffraction, qui avaient été mis au point à partir des travaux du physicien Joseph Kaplan, de l’Université de Californie. Qui seraient capable de saisir le spectre de couleur d’un objet, pour pouvoir le comparer à celle d’une chose existante connue (un avion, un météore, des étoiles…). Afin d’améliorer le travail d’identification.
C’est aussi Ruppelt qui généralisa l’utilisation du terme « UFO », « Unidentified Flying Object », « Objets volants non identifiés« . Alors qu’avant, dans bon nombre de rapports et de courriers internes, les termes « soucoupes », « disques », ou encore « lumières » étaient couramment utilisés.
Les investigations commencent
A partir de 1952, les rapports commencèrent à affluer. Ruppelt assista à une réunion d’information avec le colonel Dunn et le major général John A. Samford, le nouveau directeur du renseignement de l’Air Force (Cabell avait été nommé sous-directeur de la CIA). Ce dernier semblait déjà très au fait du sujet ovni. Il nomma le brigadier général W. M. Garland, pour être chargé de faire la liaison entre l’ATIC et Blue Book. Ruppelt appris que Garland avait déjà vu une fois un ovni lorsqu’il était en poste à Sacramento (Californie). A partir de ce moment, le supérieur direct de Ruppelt sera le général Garland.
Durant l’été 1952, se produira la plus grande vague d’ovnis jamais observée.
Et le survol de la Maison Blanche par des ovnis durant toute une nuit incita le président Truman, à demander une intervention de la CIA, avec la consultation d’un nouveau panel de consultants engagés par l’agence de renseignements, appelé le « Panel Robertson » (auparavant il portait le nom de « Groupe consultatif scientifique sur les ovnis ») en janvier 1953. Ce panel enverra ses conclusions et ses recommendations au secrétaire à la Défense, au directeur de la FCDA (l’administration fédérale de la défense civile), au directeur de la National Ressouce Board (la commission des ressources nationales) et à Cabell à la CIA. Mais pas à Ruppelt, ni à son supérieur le général Garland. Ces derniers n’en seront informés que plus tard lors d’une réunion de la CIA. Qui en fait leur mentira sur les recommandations réelles du panel Robertson en leur disant, que celui-ci avait recommandé d’étendre les capacités de Blue Book et de déclasser tous les fichiers.(3)
Suite à cette réunion, Ruppelt cherchera à avoir encore plus de moyens pour le projet Blue Book. Il prévoira le recrutement de personnel supplémentaire, la mise en oeuvre définitive de la surveillance par caméra et la diffusion d’un communiqué auprès du service de presse de l’Air Force, pour apporter au public plus de transparence dans la politique de l’Armée de l’air, au sujet des ovnis. Mais Ruppelt se rendra très vite compte que concrètement, la politique des forces armées restait la même.
Les conséquences des conclusions du panel Robertson
L’Air Force réécrira le règlement « AFR 200-2 », « Air Force Règlement 200-2 », qui sera adressé à toutes les bases aériennes de l’Air Force. Celui-ci disait entre autre, que seul le 4602d AISS (4602d Air Intelligence Service Squadron) est habilité à faire des recherches, à moins qu’il y est une autre unité AISS dans les environs. Et que le commandant de la base devait désormais lui envoyer tous les rapports, ou à une autre unité AISS, plus proche de la base, s’il y a lieu.
L’interdiction de faire des déclarations au public concernant les apparitions, sauf par l’intermédiaire de Blue Book, à moins que l’observation n’ait été identifiée.
En février 1958, le règlement 200-2 sera modifié pour la cinquième fois. Il avait été ajouté que « l’Air Force doit réduire le nombre des observations non-identifiées au minimum ». Le résultat ne se fera pas attendre, en 1952: 303 cas non-identifiés; en 1953: 42 seulement; et en 1966: 12 !
Ce règlement ne faisait que renforcer la circulaire « JANAP-146 », « Joint Army-Navy-Air Publication n° 146 », de 1952, qui établissait que « de divulguer quelques informations sur quelques cas non-identifiés que ce soient » était un « crime punissable de dix ans de détention et de 10.000 dollars d’amende ». Bien-sûr, pour éviter que des militaires parlent aux journalistes.
Le début de la fin pour Blue Book
Alors que cela avait semblé bien commencer à partir de 1952, l’année 1953 marquera clairement le début d’un revirement des autorités, dans les moyens accordés à Blue Book.
Après que Ruppelt ait suivi un cours avancé de renseignements à la Lowry Air Force Base du 7 avril au 3 juillet 1953, c’est à ce moment que le projet recevra une nouvelle affectation de tâche, avec un transfert temporaire, pour s’occuper d’autres tâches à Denver, qui n’avaient rien à voir avec les ovnis. Et à la fin de la guerre de Corée en 1953, Ruppelt sera démis de ses fonctions liées au projet Blue Book, mais continuera à faire partie du programme.
Par la suite, Ruppelt sera remplacé à la tête du projet par le lieutenant Bob Olsson. Blue Book continuera son travail en 1954 assez normalement, mais l’augmentation de personnel et la fourniture de nouveaux moyens n’arriveront jamais.
Ruppelt essaiera tout de même de faire avancer les choses, en suggérant l’utilisation d’autres unités de renseignements pour les enquêtes sur le terrain. Ce qui aboutira à avoir recours à la 4602d AISS, « Air Intelligence Service Squadron », (une unité de l’Air Défense Command, disposant de 19 équipes dispersées dans tout le pays) qui se verra officiellement dévolue ce travail.(4)
En août 1953, au moment du départ de Ruppelt et de ses deux assistants, Blue Book ne sera plus constitué que de dix personnes. Il ne sera plus qu’un simple dépôt de fichiers et servira de façade médiatique, pour les relations publiques de l’Air Force. Et au cours de l’année 1953, pendant une courte période, Blue Book ne sera même plus dirigé par un officier, mais par un soldat de première classe, le « A1/C », « Airman 1ère Class », Max Futch (très compétent au demeurant, et apprécié par Ruppelt. Après son remplacement à Blue Book, il quittera l’armée pour entrer dans une école de droit).(5)
Mais des organismes privés seront aussi touchés. En novembre 1953, se produira, « par ordre d’une autorité supérieure », la dissolution de l’IFSB, « International Flying Saucer Bureau », avec interdiction de paraitre pour son magazine « Space Review » (parce qu’il donnait trop de détails au public). Et il en sera de même pour la CSI, « Civilian Saucer Investigation ».
En mars 1954, c’est le capitaine Charles Hardin qui prendra les commandes de Blue Book, dont l’effectif à l’époque était tombé à deux personnes.
Le capitaine Charles Hardin.
Avec ces maigres moyens, et n’étant plus chargé des enquêtes, Hardin ne se verra confier comme tâche, que de centraliser les demandes de renseignements du public et de s’assurer de la bonne mise en oeuvre des recommandations du panel Robertson.
Durant cette période, les explications des observations étant volontairement orientées pour une explication tout-à-fait naturelle, le taux de rapports « inexpliqués », chutera de 60% en 1954, à 5,9% en 1955, à 0,4% en 1956. Paradoxalement, alors que les taux d’observations inexpliquées diminueront dans les chiffres, les observations continueront de se produire en grand nombre. Avec un fort taux « d’inexpliqués », quand on connaît les chiffres réels du travail d’analyse du phénomène.
En 1956, ce sera le capitaine George T. Gregory qui prendra la suite comme responsable de Blue Book.
A partir de ce moment, les rapports traités par le projet, le seront négligemment et en dépit du bon sens. Par exemple, tous les rapports en provenance du Canada seront classés dans la catégorie « données insuffisantes » et les rapports venant des bases à l’étranger étaient rarement classés de manière sérieuse.
En octobre 1958, le major Robert Friend remplacera le major Grégory.
Le nouveau responsable, malgré son manque d’illusion, tentera quand même de faire quelque chose. De peur que les rapports ne soient perdus, il proposera de microfilmer les rapports. Ce qui lui ne sera pas refusé, mais les fonds pour financer ce travail ne lui seront jamais accordés. Il réussit néanmoins à faire des réunions mensuelles avec un groupe non officiel de scientifiques, dont Hynek fera partie. Ces rencontres informelles dureront jusqu’à la fin de 1960. Parmi les scientifiques il y avait: l’astronome L.V. Robinson, l’expert en relation public Théodore J. Hieatt, l’aumônier capitaine R. Pritz, le physicien V.J. Handmacher et le psychologue D. Leroy Pigg.
En 1961, l’ATIC cherchera à se débarasser des programmes officiels d’enquêtes sur les ovnis et de travail de communications auprès du public, en voulant transférer cette charge à la NASA ou à la National Science Foundation. Mais cela ne se fera pas.
L’année 1963, verra l’arrivée du major Hector Quintanilla.
Ce dernier soulignera toujours l’aspect « relation publique » du projet, au détriment de l’intérêt des enquêtes sur le terrain. Il sera le dernier responsable du projet, jusqu’à sa dissolution.
Et ce sera l’occasion d’un scandale en 1966. Le Dr. James E. McDonald, un physicien, s’était toujours interessé aux communiqués de l’Air Force. Par curiosité, munit grâce à son statut de chercheur de l’autorisation nécessaire, il se rendra de nombreuses fois à la Wright Patterson Air Force Base où il pourra étudier de nombreux rapports. Mais lorsqu’il demandera une photocopie du rapport Robertson, la CIA sera alertée, résiliera son autorisation et s’empressera de reclasser le rapport, « secret ». Mais le Dr. MacDonald qui avait pris beaucoup de notes, en savait déjà assez. Et lorsque dans son rapport annuel, le major Quantanilla, déclara: « 30 seulement des cas soumis à l’Air Force l’année dernière sont « inexpliqués » et 676 seulement des 11107 observations signalées depuis 1947 se rangent dans cette catégorie… …Il n’existe aucunes preuves que les ovnis encore « inexpliqués » représentent des créations technologiques ou des principes situés au-dessus de notre connaissance scientifique actuelle ».
Le Dr. James E. McDonald répondra dans « The Flying Saucer News »: « Mon examen des archives de Blue Book m’a laissé l’impression qu’il y a 5 à 10 fois plus de cas inexpliqués qu’on en indique… Le public, le Congrès et les scientifiques sont induits en erreur… Je n’ai jamais vu tant de superficialité et d’incompétence dans un domaine d’une importance scientifique potentielle si énorme… Un large ensemble de preuves, recueillies ses vingt dernières années, amènent de nombreux chercheurs à la conviction que les ovnis sont extraterrestre ».
Cela sera un véritable tollé parmi la population. Les propos du Dr. James E. McDonald seront repris par tous les journaux, il fera même des conférences dans tout le pays et ses interview seront diffusées à la radio et la télévision. Par la suite, l’Air Force connaitra une sévère campagne de presse à son encontre.
A partir de 1966, l’ATIC sera exclu de toutes investigations. Alors que jusque là, depuis la fin des années quarante, l’ATIC s’était toujours occupé des apparitions d’ovnis, le 19 septembre 1966, un nouveau règlement viendra remplacer le « AFR 200-2 ». Le « AFR 80-17 » concernant « Recherche et développement – Objet volants non-identifiés » transférera le travail d’enquête, de collecte de renseignements, de préparation et de constitution des rapports à celui de la « Recherche-Développement ». Avec analyse des rapports par la « Foreign Technology Division », la « Section des Technologies Etrangères ».
Le coup de grâce pour le projet Blue Book se produira le 17 décembre 1969, quand après la lecture du rapport de la commission présidée par le Dr. Condon, le nouveau secrétaire d’état à la Défense Robert C. Seamans Jr. annoncera la résiliation du projet Blue Book, qui se produira effectivement le 30 janvier 1970, et de toutes implications de l’Air Force dans les enquêtes sur les ovnis. La justification officielle sera que « les ovnis ne représentaient pas une menace pour la sécurité nationale et n’avaient pas de valeur scientifique pour une étude ». A partir de ce moment, officiellement, l’US Air Force n’enquête plus sur les ovnis.(6)
Le bilan chiffré du Projet Blue Book
Le rapport final excluait de nombreux cas « inexpliqués ». Le Dr. Hynek, toujours consultant pour l’Air Force, cherchera après la fin du programme, à faire exactement le tri, pour dénombrer le nombre exact des cas « non identifiables », en reprenant tous les cas depuis 1947 (Blue Book ayant repris les rapports du projet Grudge et du projet Sign, dans son travail d’investigation, les observations s’étant produites avant Blue Book, étaient donc connues).
Un récaputalatif des programmes et des dates :
– Projet HT-304: Projet initial d’étude sur les ovnis de l’AMC, ne recevra pas de nom
de projet et sera connu par sa codification interne « Projet HT-304 » (on l’a surnommé
« Projet 1947 »). Du 30 juin 1947 au 26 janvier 1948;
– Project SIGN: du 26 janvier 1948 au 11 février 1949;
– Project GRUDGE: du 12 février 1949 au 10 août 1949;
– Période ou GRUDGE est « mis en sommeil »: du 10 août 1949 au 7 juillet 1950
(le projet démarré en février 1949 ayant été désactivé mais pas supprimé);
– Période de réactivation de GRUDGE: du 7 juillet 1950 au 22 octobre 1951;
– Projet NEW GRUDGE: du 22 octobre 1951 au 25 mars 1952;
– Projet BLUE BOOK: du 25 mars 1952 au 30 janvier 1970.
Et il faut bien se rendre à l’évidence, que la majorité des rapports ne concernent que des observations rapprochées que l’on appellent du premier (observation simple) ou du deuxième type (atterrissage et/ou contact entre l’objet et le témoin ou l’environement).
Etrangement, alors qu’il y eu de nombreuses rencontres du troisième type (observation à distance ou rencontre réelle avec des entités) entre 1947 et 1969, il ne figure que douze rapports au sujet des cas d’observations d’occupants d’ovnis, dont pour la plupart ils se débarrasseront purement et simplement, en leur attribuant la mention « données insuffisantes ».
Alors que le nombre total des rencontres rapprochées du troisième type aux Etats-Unis, qui sera établi par la suite, en dénombrera soixante cinq (on voit bien que les rapports les plus sensibles, quels qu’ils soient, n’arrivaient pas à Blue Book). Et Hynek de son côté, dira qu’en tant que conseiller de l’Air Force, il ne lui sera demandé d’enquêter que sur deux cas seulement: celui de Socorro (Nouveau-Méxique) et celui de Dexter (Michigan).
Concernant ces rencontres du troisième type, Jacques Vallée établira qu’il y eu sur une période de vingt deux ans, au niveau mondial, près de 750 atterrissages d’engins, dont plus de 300 d’entre-eux feront état d’humanoïdes, vu dans l’engin ou à proximité.
Il faut également reprendre des cas qui avaient été volontairement écartés lors des enquêtes et qui ne figuraient pas forcement des les rapports. Hynek fera un fichier, constitué uniquement des cas inexpliqués. Ce travail sera poursuivi durant de nombreuses années par plusieurs chercheurs et enquêteurs. Sur les 13.134 observations signalées à l’Air Force depuis 1947, on arrive au chiffre total de 1635 cas « non-identifiés ». Alors que, officiellement, Blue Book n’en aura répertorié que 701 et que 10.675 cas recevront la mention « données insuffisantes ». (7)
Ruppelt, revenu à la vie civile travaillera dans l’industrie aéronautique et écrira un livre (« The report on Unidentified Flying Object », pour l’édition Américaine, publiée en 1956) dans lequel il pensait pouvoir apprendre beaucoup de choses au public, mais le manuscrit devra au préalable être vu par l’Air Force, qui y censurera plusieurs informations gênantes avant publication (ils contrôleront même les éditions étrangères). Son livre sera réédité en 1959, avec trois nouveaux chapitres (qui ne feront que reprendre la « ligne officielle » de l’Air Force).
Dans la préface de son livre, Ruppelt avait écrit :
« Qu’est-ce qui constitue la preuve ?… …Est-ce une preuve quand une station radar au sol détecte un OVNI, envoie un avion à réaction pour l’intercepter, quand le pilote le voit, le prend dans son radar, pour le voir juste filer à une vitesse phénoménale ? Est-ce une preuve quand un pilote tire sur un OVNI et persiste dans ses affirmations même sous la menace de passer en cour martiale ? Cela constitue-t-il une preuve ? ». (8)
Ruppelt décédera d’une crise cardiaque le 15 septembre 1960.
Notes :
(1) Pour plus d’informations, voir « Les Black Program: Le Projet Grudge ».
(2) Pour plus d’informations, voir « Les Black Program: Le Projet Stork ».
(3) Le rapport du panel Robertson ne sera déclassifié qu’en 1966.
(4) En fait, la 4602d AISS s’occupe déjà des enquêtes les plus sensibles, depuis 1953. Et Ruppelt, avec le contenu exact du panel Robertson qui lui avait été caché, n’en aura jamais connaissance. Pour plus d’informations, voir « Les Black Program: Le Projet Moon Dust ».
(5) Mais alors que le rôle et les moyens de Blue Book fondent comme neige au soleil, les autorités ne négligent pas pour autant les recommandations de Ruppelt. Le 1er décembre 1953, l’US Air Force installera dans soixante-quinze de ses bases aériennes du monde entier des caméras spectroscopiques, pour photographier d’éventuels ovnis et pouvoir analyser leur spectre lumineux par des filtres à diffractions spéciaux (révélé à l’époque par le New York Herald Tribune).
(6) Pour plus d’informations voir « Les Black Program: Le Projet Colorado ».
(7) Pour voir le rapport final de Blue Book (rapports 1 à 12) paru en juin 1968, « Projects Grudge & Blue Book Report, 1-12 », cliquez sur le lien link. Pour voir le rapport spécial n°14, qui était à destination du public, cliquez sur le lien link. Pour voir les rapports de Blue Book venant des navires en mer, cliquez sur le lien link. Pour voir la liste des 1635 observations « non-identifiés », cliquez sur le lien link.
(8) Pour voir le livre de Ruppelt, en anglais, cliquez sur le lien link.
Sources :
« Le livre noir des soucoupes volantes », par Henry Durant, Editions Robert Laffont;
« Les soucoupes volantes, affaires sérieuses », par Frank Edwards, Editions Robert Laffont;
« Les objets volants non identifiés – Mythe ou réalité ? », par J Allen Hynek, Editions J’ai Lu;
« Nouveau rapport sur les O.V.N.I. », par J Allen Hynek, Editions J’ai Lu;
« The report on Unidentified Flying Object », par Edward J. Ruppelt, Editions Doubleday & Company Inc.
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Les archives du projet Blue Book sont enfin intégralement disponibles.
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